Jean-Matthieu Biseau, PDG d’Opteven et président de l’Union des assisteurs

« Opteven accélère son développement sur le marché des véhicules d’occasion en Europe »

Publié le 26 septembre 2024 à 9h00

Sarah Noufi    Temps de lecture 9 minutes

Rencontre avec Jean-Matthieu Biseau, PDG du groupe d’assistance Opteven, à l’occasion du rachat en juillet du spécialiste allemand de la panne mécanique Multipart. Il détaille ses ambitions européennes, son modèle économique, et dresse le bilan d’Opteven au premier semestre. Le président de l'Union des assisteurs évoque aussi les grands chantiers du syndicat professionnel qu'il préside jusqu'à fin 2024 avant de passer la main à Nicolas Sinz, le CEO d'Europ assistance France, pour les deux prochaines années.

Quel est votre modèle économique ?

Groupe indépendant depuis 2010, Opteven est un groupe mixte d’assurance et d’assistance dans le domaine de la mobilité automobile. Nous mettons en place des solutions pour des clients professionnels de l’automobile (constructeurs, distributeurs, société de crédit, loueurs, assureurs, courtiers), en France comme dans le reste de l’Europe (Royaume-Uni, Italie, Espagne, Allemagne).

Nous possédons deux activités principales que sont l’assistance, principalement routière avec des chargés d’assistance sur des plateaux ouverts 24h/7j, pour gérer les demandes des clients en difficulté dans leur déplacement, et les garanties panne mécanique, principalement sur des véhicules d’occasion (VO). Nous proposons également des contrats d’entretien et d’autres services toujours dans la mobilité automobile. Nous bénéficions d’un portefeuille de plus de 3 millions de clients en assistance et nos garanties couvrent 2 millions de véhicules en Europe (principalement des VO).

Nous sommes en mesure de proposer nos produits à la fois sous forme de produits d’assurance à travers Opteven assurances – agréée par l’ACPR pour porter du risque en garantie panne mécanique et assistance – mais aussi sous forme de services à travers une société de services Opteven services. Dans ce dernier cas de figure, nous sommes rémunérés au dossier lorsque nous ouvrons un sinistre.

Quels sont vos flux d’activités ?

Opteven, c’est 3,8 millions d’appels traités et 900 000 demandes de prise en charge en assistance, garantie panne mécanique et entretien au 31 décembre 2023. Ces ordres de grandeur sont en progression de 5 % sur le premier semestre 2024. 80 % des appels sont décrochés en moins de 20 secondes. Cette performance téléphonique est maintenue, y compris durant les périodes chargées telles que l’été. Nous avons d’ailleurs recruté 150 saisonniers de juin à fin septembre 2024 pour les activités d’assistance routière car il y a plus de mouvements sur les routes que le reste de l’année. Sur notre site de Villeurbanne (Rhône), nous bénéficions par exemple de 500 chargés d’assistance durant le pic estival qui se prolonge désormais jusqu'à fin septembre.

Comment s’est conclu l’exercice 2023 pour Opteven ?

En 2023, le chiffre d’affaires du groupe s’élève à 298 M€ en progression de 8 %. En 2024, nous observons une croissance entre 10 et 15 % du CA. Ce qui équivaut à un CA prévisionnel annuel de 330 M€. Notre compagnie d’assurance fait environ la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise.

Au niveau du groupe, Opteven produit 1 200 000 garanties dont 600 000 vendues tous les ans en France. Pour ce qui est de l’assistance, nous ne sommes pas dans une logique de souscription mais plutôt de nombre de véhicules couverts à travers des partenariats avec des clients grands comptes tels que des compagnies d’assurance, des loueurs longue durée qui nous sous-traitent la partie assistance de leur contrat d’assurance automobile ou de leur flotte. Par exemple, nous avons un partenariat avec Abeille assurances (anciennement Aviva) depuis 2008. Certains assureurs ne disposent pas de plateaux 24h/7j à leur disposition. Elles sous-traitent cette activité à des spécialistes comme Opteven. Nous sommes donc l’assisteur de plusieurs compagnies d’assurances, surtout des entreprises de taille moyenne qui n’ont pas dans leur groupe de filiales d’assistance. Nous prenons l’appel entrant de leur client en difficulté sur les routes.

Suivez-vous la même stratégie pour vos activités de garantie panne mécanique et d’assistance en France et en Europe ?

Nous avons un positionnement stratégique différent sur les deux activités. Sur la garantie panne mécanique, nous avons un positionnement de leader en France et en Europe. Nous n’avons pas de concurrent de taille plus importante. Le n°2 en Europe est un allemand : Cargarantie [assureur spécialisé dans les programmes de garantie et de fidélisation des clients pour véhicules neufs et d’occasion en Europe, avec un CA de 230 M€ et une présence dans 21 pays en 2023, NDLR]. Cela n’est pas le cas dans l’activité assistance où nous avons un positionnement de challenger, car nous avons des concurrents plus importants comme Europ assistance, AWP ou IMA.

Nous avons une stratégie de croissance à l’international qui s’appuie essentiellement sur l’activité panne mécanique. Nous continuons de nous développer dans les cinq pays dans lesquels nous sommes déjà implantés. Nous souhaitons également nous ouvrir à des marchés secondaires en Pologne, au Benelux, Pays-Bas et au Portugal, peut-être sous forme d’acquisition de PME indépendantes comme nous l’avons fait avec Multipart afin d’accélérer notre croissance.

Que vous apporte cette acquisition de la société allemande Multipart l’été dernier ?

L’Allemagne est le premier marché en Europe des véhicules d’occasion (VO). Nous avons d’ailleurs un partenariat depuis 2020 avec le constructeur automobile Volkswagen pour garantir tous les véhicules d’occasion vendus dans le réseau des marques du groupe à partir de 2013. Une équipe de 50 salariés dédiés est basée à Berlin.

Multipart – qui est le troisième acteur en garantie panne mécanique outre-Rhin après les deux leaders Cargarantie et Real Garant – affiche un CA de 10 M€ en 2023, avec 55 000 garanties vendues dans la même année et comptant une trentaine de collaborateurs. À noter que la société fait 90 % de son CA en Allemagne. Les 10 % restants sont réalisés en Suisse et en Autriche.

Multipart a une force de vente d’une quinzaine de collaborateurs qui couvre l’ensemble de l’Allemagne et qui lui permet de vendre ses garanties à environ 1600 distributeurs de VO. L’acquisition de Multipart nous permet d’acquérir un savoir-faire de distribution sur le marché allemand pour des garanties vendues directement aux distributeurs de VO. Dans notre stratégie, cela complète bien notre partenariat avec Volkswagen.

Quels sont vos axes stratégiques en matière de RSE ?

En 2023, nous avons participé à la Convention des entreprises pour le climat (CEC) et durant un an, nous avons réalisé une feuille de route pour modifier le business model de l’entreprise afin qu’il prenne en compte les contraintes de la planète et du climat. Ainsi, nous voulons favoriser l’électrification du parc des VO en proposant des garanties sur les batteries. Le deuxième axe se porte sur le développement de l’économie circulaire (utilisation des pièces de réemploi), notamment dans le domaine de la panne mécanique car cela n’est pas encore très développé. Nous réalisons 500 000 réparations par an. La plupart du temps, ce sont des pièces neuves pour réparer des VO. Cela ne fait pas toujours du sens. Nous allons donc travailler sur l’utilisation des pièces de réemploi dans les réparations que nous prendrons en charge. Nous menons actuellement des tests en Italie et en France sur ce sujet. Ils dureront jusqu’en 2025 pour une généralisation d’ici fin 2025. Enfin, Opteven souhaite allonger la durée de vie d’un VO. Nous voulons mettre en place des contrats d’entretien pour ces véhicules avec des garanties abordables et qui permettent aux propriétaires de véhicules de les garder plus longtemps.

Quels sont vos objectifs pour cette fin d’année et pour 2025 ?

Un des objectifs est de bien intégrer les équipes de Multipart. Nous avons une stratégie d’intégration qui concerne à la fois les ressources humaines, l’informatique, la stratégie commerciale… Par ailleurs, grâce à Multipart et son réseau en Autriche et en Suisse, nous pourrons étudier ces marchés et regarder ce que l’on pourrait faire. Nous avons noué un partenariat en 2024 avec Crédit agricole Personal Finance & Mobility. Dans les pays européens où ils sont présents, nous pourrons proposer ainsi des garanties lorsqu’ils financeront des véhicules. Nous faisons la même chose avec le groupe Société générale depuis vingt ans. Nous continuons, avec le groupe Volkswagen, notre développement en Europe. En 2024, dans le cadre de cet accord, nous avons démarré un nouveau pays, l’Irlande, avec une gestion des dossiers depuis le Royaume-Uni. Enfin, nous espérons finaliser les discussions engagées avec une société pour une future acquisition fin 2024, début 2025.

Un dernier mot sur l’Union des assisteurs que vous présidez ?

L’Union des assisteurs représente 96 % des sociétés d’assistance françaises au travers de ces neuf sociétés membres [ARC Europe France, Allianz Partners, Axa Partners, Europ assistance, Fidelia assistance, Filassistance, Groupe IMA (Inter Mutuelles assistance), Mutuaide (Groupama) et Opteven, NDLR]. Je suis le président de l’Union des assisteurs depuis 2023 dans le cadre d’une présidence tournante de deux ans. Un changement de président se fera donc début 2025. C'est Nicolas Sinz, actuel vice-président de l'Union des assisteurs et CEO d'Europ assistance France, qui prendra le poste. Cette nouvelle présidence ne changera pas la politique mise en place et les projets restent inchangés. Nous essayons d’anticiper les évolutions de notre métier sur les sujets liés à l’automobile, l’assistance médicale, voyage, assistance au domicile.

Quelle est la tendance de marché en 2024 après le bon cru de l’exercice 2023 ?

En France, la croissance du secteur a été de 8,4 % en 2023 par rapport à 2022 pour un chiffre d’affaires de 4,5 Md€. L’ensemble des métiers progresse. Dans le détail, l’activité automobile se distingue et porte l’ensemble des résultats en représentant 60 % du CA 2023, en hausse de 10 % par rapport à 2022, pour un total de 2,7 Md€. La saison estivale vient de se terminer, nous en tirons le bilan ce mois-ci.

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