Cyclone Chido

Mayotte : après l’urgence, la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle

Publié le 17 décembre 2024 à 16h22

Mehdi ElAouni    Temps de lecture 3 minutes

Alors que le département de Mayotte est en pleine gestion de crise, la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle devrait être rapidement arrêtée.

Le cyclone Chido, le plus dévastateur qu’ait connu Mayotte en près de quatre-vingt-dix ans selon le préfet du département François-Xavier Bieuville, a plongé les îles de Grande-Terre et de Petite-Terre dans une crise humanitaire et matérielle inédite. 

Avec des vents dépassant les 220 km/h, ce phénomène météorologique répond aux critères nécessaires (145 km/h en moyenne sur dix minutes ou 215 km/h en rafales) pour déclencher le régime de catastrophe naturelle (Cat Nat), ouvrant la porte à une indemnisation partagée entre les assureurs et le réassureur public CCR. Les arrêtés de catastrophe naturelle sont délivrés par commune, et Mayotte compte 17 communes. « Vu l’ampleur de l'événement, l’ensemble du territoire départemental devrait être reconnu en état de catastrophe naturelle – au moins au titre des vents cycloniques », remarque Yorik Baunay, directeur de Ubyrisk consultants.

Alors que l’état de catastrophe naturelle devrait rapidement être reconnu, facilitant les indemnisations pour les sinistrés assurés, la majorité des habitants de Mayotte, faute de couverture d’assurance, ne pourra bénéficier du régime Cat Nat pour reconstruire. Une question qui sera rapidement sur la table de l'exécutif avec la possible création d’un fonds spécial. 

Un territoire sous-assuré

Le bilan provisoire fait état de 21 morts, mais les autorités craignent que ce chiffre n’augmente considérablement. « Le bilan sera lourd, trop lourd », a prévenu Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire présent sur place. Les bidonvilles de Mamoudzou, le chef-lieu départemental, ont été particulièrement touchés, laissant des centaines de familles sans abri et sans ressource. « Plus de 70 % de la population aurait été gravement touchée », annonce le ministre de l’Intérieur. 

Outre les pertes humaines et matérielles, Chido met en évidence une faille structurelle: la très faible couverture d’assurance à Mayotte. Bien que des assureurs généralistes soient engagés localement, ainsi que des spécialistes auprès des collectivités comme Smacl, moins de 10 % des logements sont couverts par une assurance habitation, contre près de 98 % en métropole. « La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle a été sollicitée par nos élus afin de faciliter l’indemnisation des sinistrés », a confirmé la sénatrice Salama Ramia. 

À l’heure où les secours s’efforcent toujours de retrouver des survivants dans les décombres,  les infrastructures essentielles sont à l’arrêt : l’île est privée d’eau potable, d’électricité et de réseau téléphonique, augmentant les risques sanitaires et la pénurie de vivres.  Face à l’ampleur des dégâts, une « cellule de crise économique » doit se réunir quotidiennement à Bercy pour coordonner les efforts de reconstruction et suivre l’impact de la catastrophe sur l’économie locale. 

Photo : le pic d'intensité du cyclone Chido le 12 décembre 2024.

Crédit :

VIIRS imagery from NOAA's NOAA-21 Satellite - EOSDIS Worldview, domaine public, commons.wikimedia.org/w/index.php

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