Les groupes Axa et Generali viennent de rejoindre le projet de résilience des infrastructures dans les pays émergents face au changement climatique de l’Insurance Development Forum (IDF). Retour sur la genèse et le rôle de cette institution internationale.
Lancé officiellement en 2016 par les Nations unies, la Banque mondiale et le secteur de l’assurance, l’IDF est un partenariat public-privé international basé à Londres. Depuis juin 2020, l’organisme est constitué en société à responsabilité limitée basée au Royaume-Uni. Cette entité juridique indépendante lui permet de remplir ses rôles et fonctions administratives auprès des membres et des parties prenantes aux projets de l’IDF.
Initialement, l’IDF a d’abord été proposé par le groupe du PCG (Political Champions Group) lors d’une réunion pour la résilience face aux catastrophes naturelles en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en 2013. Un groupe de travail a ensuite été formé pour sa mise en oeuvre et les objectifs de ce partenariat international. Sa création a finalement été approuvée par les présidents du PCG, Justine Greening et Helen Clarke, en avril 2014. Dès lors et en préparation des accords sur les changements climatiques de l’ONU en 2015 (COP 21), des réflexions ont été engagées pour impliquer davantage le secteur des assurances dans la résilience des pays émergents face à ces problématiques.
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Avec plus de 100 organisations partenaires, le comité opérationnel de l’IDF est dirigé par les assureurs. L’institution a été créée pour faciliter et soutenir la croissance ainsi que le développement des ressources et des capacités liées à l’assurance pour contribuer aux objectifs de développement durable (ODD) et les accords connexes des Nations unies, connus sous le nom d’Agenda mondial 2030. L’IDF vise à optimiser et à étendre le recours à l’assurance et ses capacités de gestion des risques afin de renforcer la résilience et la protection des communautés, des entreprises et des institutions publiques vulnérables aux catastrophes naturelles et aux chocs économiques associés.
Combler le Protection Gap
À noter que 70 % des pertes économiques consécutives aux événements naturels restent non assurées. Dans les pays à revenu intermédiaire ou faible, la proportion de pertes économiques non assurées dépasse souvent les 90 %. Les pays où l’assurance est la mieux diffusée se rétablissent plus rapidement après une catastrophe naturelle et se reconstruisent avec une meilleure résilience en cas de nouvel événement catastrophique. Une augmentation de 1 % de la pénétration de l’assurance peut réduire jusqu’à 22 % le fardeau de la reprise après sinistre pour les victimes.
Plus de 200 experts dans 5 groupes de travail
L’adhésion à l’IDF est ouverte à tous les acteurs du secteur (assureurs, réassureurs et courtiers), aux organisations multilatérales, aux ONG et aux institutions du secteur public. Allianz, Aon, Insurance Europe, Global Shield against Climate Risks et Axa sont membres de l’IDF. Des figures de proue du secteur sont à sa tête. Ainsi, Michel Liès (président du groupe Zurich) est le président du comité de direction de l’IDF, Achim Steiner (administrateur du PNUD) et Hiroshi Matano (vice-président exécutif de la MIGA, l’une des institutions membres de la Banque mondiale) en sont les coprésidents. Concernant le comité opérationnel, Rowan Douglas (PDG risque climatique et résilience chez Howden) en est le président avec comme coprésidents : Ivo Menzinger (DG de Swiss Re pour les activités du secteur public en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique), Jan Kellett (conseiller spécial au centre des services financiers du PNUD) et Olivier Mahul (directeur de l’unité de financement des risques de crises et de catastrophes naturelles de la Banque mondiale).
L’IDF a créé 5 groupes de travail intersectoriel réunissant au total plus de 200 experts issus de l’industrie, des institutions internationales, des ONG et du monde universitaire. Les groupes travaillent respectivement sur les infrastructures, l’assurance inclusive, la réglementation et les droits relatifs à la résilience face au changement climatique, un groupe directeur sur la modélisation des risques et une équipe de travail sur les solutions souveraines et humanitaires.
L’IDF permet la coordination des initiatives de l’assurance, l’élaboration de priorités partagées, la mobilisation des ressources, la promotion de relations stratégiques et opérationnelles au sein et entre les gouvernements, l’industrie et les institutions internationales et garantit l’intégrité et l’efficacité des ressources collectives.
42 projets dans 30 pays en 2023
Au total en 2023, l’IDF mettait en oeuvre 42 projets dans 30 pays, 8 missions sur la réduction des risques de catastrophes et leur prévention ainsi que l’implication de superviseurs nationaux d’une centaine de pays. Déjà 22 bureaux du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont été engagés dans des projets de l’IDF.