L’assureur Seyna annonce une levée de 10 M€, menée par 115K. Son CEO, Stephen Leguillon, revient sur ce financement et le changement de cap dans sa stratégie d’investisseur.
Fondé en 2019, Seyna poursuit son développement. L’assureur a bâti son modèle sur la technologie et une spécialisation marquée : accompagner les courtiers. Il annonce aujourd’hui une levée de 10 M€, menée par 115K, le fonds de La Banque postale, aux côtés des investisseurs White Star Capital et Elaia. L’opération porte le total de ses financements à 57 M€.
Cette croissance traduit « la robustesse du système et la confiance dans l’absorption contrôlée de la demande », indique Seyna qui a franchi les 91 M€ de primes émises l’an dernier et qui vise 125 M€ en 2025. Stephen Leguillon insiste tout de même sur la réalité du marché : « Il est incroyablement difficile pour un assureur qui délègue la distribution et la gestion de connaître l’état de son portefeuille. Le courtier envoie des bordereaux mensuellement avec les données de contrats et sinistres. Mais l’assureur a des difficultés à intégrer cette donnée et à l’étudier régulièrement. Les assureurs du marché analysent rarement leurs portefeuilles délégués plus de deux fois par an. Résultat : peu de suivi du risque, aucune capacité à ajuster finement les prix et garanties, et des corrections brutales en fin d’année, souvent avec des hausses de tarifs soudaines ou des résiliations. »
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La promesse de Seyna est de changer ce rapport de force. « Grâce à la technologie, on absorbe l’information en continu et on ajuste chaque mois. Cela permet un modèle plus stable pour l’assureur et le courtier », poursuit le dirigeant. Un positionnement qui séduit désormais plus de 100 courtiers dans cinq pays.
Consolider le modèle de croissance
La levée de fonds vise à consolider cette dynamique. Une partie sera allouée à l’intégration accrue d’IA, pour automatiser l’analyse des bordereaux, affiner le pricing ou encore accélérer le monitoring des portefeuilles. L’autre objectif est prudentiel : accompagner la croissance des primes sans affaiblir le ratio de solvabilité. Mais Stephen Leguillon nuance : « Nous n’avions pas besoin de lever pour survivre, le modèle fonctionne. La taille de ce tour est d’ailleurs plus modeste que par le passé. C’est un choix stratégique pour accélérer ce qui marche déjà. »
Autre évolution marquante : le profil de l’investisseur. « Les premiers actionnaires avaient un ADN de venture capital pur. Il nous fallait en complément un investisseur qui connaît le business model de l'assurance, qui pense long terme et qui s’aligne sur notre stratégie », indique le CEO. Une description qui correspond à 115K, nouvel entrant au capital, dont l’expertise sectorielle et la vision durable contrastent avec celles des fonds de capital-risque traditionnels, souvent focalisés sur une sortie rapide.
« Nous avons été séduits par la capacité de Seyna à comprendre le modèle du courtage et à lui apporter de la valeur par la technologie. Notre but est de leur faire profiter de notre expertise dans l'assurance et de les accompagner dans la durée et aussi longtemps que nécessaire pour qu’ils puissent délivrer toute leur valeur », explique Armelle de Tinguy, Partner et DGA de 115K.
« Notre ambition reste la même : construire un système qui nous permette d’absorber un nombre toujours plus grand de portefeuilles en étant le premier choix des courtiers avec qui nous travaillons depuis des années : Aon, WTW, Marsh… », conclut Stephen Leguillon.
