Alors que les assureurs sont confrontés à la hausse de la sinistralité et les start-up à la baisse des financements, le modèle partenarial se porte bien. En témoigne la collaboration de Société générale (SG) avec les AssurTech Akur8 et Epsor.
Partenaire de la French Fintech Week, l’événement qui promeut l’écosystème FinTech en France, Société générale (SG) organisait mi-octobre la 3e édition du SG Ventures Day. Créée en 2018, SG Ventures a vocation à accélérer la transformation digitale du groupe en investissant dans des start-up. Aujourd’hui, SG Ventures anime un portefeuille de 140 partenaires dont 32 start-up et 5 fonds, représentant un total d’investissement de plus de 380 M€.
« Nous investissons dans les start-up de deux manières. Les investissements au titre du private equity via l’assurance vie et les investissements en fonds propres. Ces investissements peuvent générer un business additionnel, un gain de temps sur l’utilisation des modèles ou une souplesse de tarification », explique Ingrid Bocris, directrice générale déléguée de Société générale assurances. Parmi les principaux bancassureurs, Société générale assurances est aussi reconnu pour son modèle partenarial, à l'instar de sa filiale Oradéa vie et de Boursorama en épargne-retraite, de ses partenariats en emprunteur pour sa solution Iriade, ou encore avec La Banque postale Consumer Finance, et beaucoup d’autres en dommages (avec la filiale du groupe ALD, avec Magnolia, Active assurances...).
L’assurance, la poule aux œufs d’or de la donnée
Confrontés à la hausse de la sinistralité sur toutes les branches, les assureurs doivent se réinventer et revoir leurs modèles actuariels, avec le risque de rester sur le carreau s’ils ne prennent pas le train de l’innovation en marche. « La sinistralité climatique, les nouvelles mobilités, l’inflation, le changement de comportement des clients post-covid font qu’il y a une évolution des risques beaucoup plus rapide qu’auparavant. Les assureurs vont devoir de plus en plus prédire les risques et l’évolution de leur portefeuille et cela nécessite de mieux exploiter les données en leur possession. C’est à la fois une opportunité et un challenge pour l’assurance », explique Samuel Falmagne, directeur général d’Akur8, AssurTech spécialiste de l’optimisation de la tarification grâce à l’intelligence artificielle.
Société générale assurances a ainsi lancé l’année dernière « Mon Compagnon retraite », une plate-forme dédiée à la préparation de la retraite qui compte 75 000 clients et est accessible à tous les clients SG. « L’objectif est de coupler la valeur que peut apporter Société générale assurances et la valeur additionnelle des partenariats. Mon Compagnon retraite est un élément différenciant sur le marché et pour y arriver nous sommes allés chercher des compétences technologiques chez des partenaires, en l’occurrence Sapiendo, expert de la retraite », fait valoir Ingrid Bocris.
Les AssurTech en panne de financement
Depuis 2022, le marché des investissements connaît un ralentissement dans le domaine de la Tech selon Maxime Mandin, Managing Director du fonds d’investissement français Blackfin Capital Partners : « Depuis la remontée des taux d’intérêt, il y a moins d’argent disponible sur le marché pour un même nombre de start-up en recherche de financement. Les investisseurs se désintéressent de cet écosystème Tech également, car ils estiment qu’il n’y a pas suffisamment d’innovation vraiment originale. »
Cette période difficile n’a pas empêché Akur8 de finaliser en septembre dernier une levée de fonds de 25 M$, soutenue par BlackFin Capital Partners. De son côté, Epsor a bouclé une levée de fonds de 20 M€ en 2021 pour un chiffre d’affaires de 1,3 M€ la même année. « Nous n’avons pas les mêmes enjeux ni les mêmes moyens que les assureurs mais en nous concentrant sur une innovation, nous pouvons nous différencier. C’est de cette façon que nous arrivons à nous démarquer sur un marché bien installé et concentré comme l’assurance », analyse Julien Niquet, cofondateur et président d’Epsor, AssurTech spécialisée en épargne salariale et retraite.
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Confiant sur le potentiel de son modèle, il est moins optimiste sur les prochaines étapes de son développement. « Cette différenciation va rester possible dans les années à venir mais le marché du financement actuel fait que nous sommes obligés de nous concentrer sur un pan limité de l’innovation pour nous appuyer sur les acteurs institutionnels de l’assurance », souligne-t-il. Innovation et compliance ne vont pas toujours de pair.
Autre enjeu de taille pour les AssurTech : le coût de la mise en conformité et la réponse aux exigences toujours plus fortes du régulateur.