Arthur Martiano, directeur général du Lynx depuis mai 2024, dresse un panorama du marché en croissance de la comparaison d’assurances. 80 % des Français connaissent le comparateur créé en 2010, aujourd'hui propriété du groupe italien MutuiOnline rebaptisé Moltiply cette année.
Comment évolue le marché de la comparaison d’assurances ?
Selon nos estimations, en 2024, le marché continue de croître de 10 à 20 %, en particulier dans la branche automobile. Il est soutenu par trois tendances de fond : la digitalisation, l’exigence des consommateurs d'une bonne compréhension de leur assurance – qu’ils souhaitent transparente – et l’inflation. En période de hausse des prix, les utilisateurs vont davantage avoir le réflexe de comparer les assurances afin de les choisir à des prix abordables et pour être couverts à la hauteur de leurs besoins. Cela renforce notre rôle sur le marché.
Quel est votre modèle d’affaires ?
Il repose sur nos partenaires assureurs à travers une commission de mise en relation ou lorsque les clients souscrivent une assurance. Aucuns frais ne sont ajoutés à nos prix pour l’utilisateur. De la même façon, nous avons un classement impartial qui ne dépend pas du niveau de rémunération des assureurs. Nous réfléchissons en permanence au meilleur modèle d’affaires. Nous voulons nous diriger vers des clients encore plus qualifiés afin d’être rémunérés en fonction de la valeur apportée aux partenaires.
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Comment capitalisez-vous sur la donnée ?
Nous avons une approche très analytique. Nous sommes sans cesse dans une logique de compréhension des utilisateurs. Par exemple, nous regardons chaque jour les chiffres de conversion (parcours des utilisateurs). Nous remarquons qu’ils se dirigent massivement vers le secteur automobile car ils savent qu’ils peuvent y réaliser beaucoup d’économies, jusqu’à 379 € par an. Nous regardons également le temps passé sur notre site pour augmenter l’ergonomie et la valeur apportée à nos partenaires dans leur dynamique de croissance. Depuis la création du Lynx, plus de 15 millions de Français ont utilisé le site dans les branches auto, moto, habitation, santé mutuelle et énergie. Chaque année, plus de 4 millions de demandes de devis y sont effectuées dont plus de la moitié sur l’auto et moto, entre 20 et 30 % sur la santé, et 10 et 15 % sur l’habitation.
Quels sont les besoins identifiés de vos utilisateurs ?
Du côté des utilisateurs, les Français veulent comparer gratuitement et rapidement les offres présentes sur le marché. Ils veulent souscrire des assurances qui répondent à leurs attentes et ne sont pas trop chères. Ils souhaitent aussi que ces souscriptions soient digitalisées et ce quelles que soient les tranches d’âge. Ensuite, ils cherchent à s’informer pour bien comprendre leur contrat d’assurance et ses garanties. Pour faciliter leur compréhension, nous avons par exemple développé en 2024 une façon totalement nouvelle de comparer et sélectionner la formule et les options d’assurance automobile : l’utilisateur peut comparer les couvertures et ajouter des options. Nous avons mis en place cette possibilité dans la branche auto et nous allons la généraliser sur la moto et l’habitation. Nous avons un très bon retour du côté des partenaires comme des utilisateurs.
Et les attentes du côté de vos partenaires assureurs ?
Du côté des assureurs, ils viennent pour développer leur activité et prendre le virage du digital. Ils cherchent une approche analytique et quantitative en utilisant la donnée dans le but d’avoir le meilleur modèle économique. Ils peuvent mesurer directement l’impact du ROI – retour apporté par rapport à l’investissement (ici, investissement marketing) – car souvent, nous ne sommes payés que lorsque le client souscrit. Le ROI est donc calculable et positif pour eux.
Quelle est votre feuille de route ?
Nous sommes toujours à l’écoute de nouveaux partenaires. Nous sommes en discussion avancée avec certains assureurs et les partenariats devraient se conclure courant 2024-2025. Enfin, nous voulons familiariser les Français au réflexe de comparaison déjà adopté sur certains marchés. En effet, les Anglais ont pris le réflexe de comparer. Presque 70 % du marché auto est « intermédié » par les comparateurs alors qu’en France nous sommes en dessous de 10 %. Je crois profondément à la croissance de la digitalisation. Celle-ci amènera les utilisateurs à comparer plus systématiquement. Par ailleurs, les pays où les utilisateurs ont le plus le réflexe de comparer sont le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne et la France.