Philippe Pierre, directeur général de Xenassur

« La bonne relation entre grossiste et assureur dépend des résultats de souscription »

Publié le 22 août 2024 à 9h00

Mehdi ElAouni    Temps de lecture 5 minutes

Philippe Pierre, DG de Xenassur, la filiale grossiste du groupe Filhet-Allard dédiée aux risques auto-moto et aggravés, expose les contours de son offre, décrypte les enjeux inhérents à la souscription des risques aggravés, et revient sur les spécificités du rôle de courtier grossiste.

Quelle proposition formulez-vous pour les risques aggravés ?

Nous proposons une offre spécifique pour les risques aggravés dans l’assurance automobile. En tant que courtier grossiste, notre rôle est de collaborer avec des courtiers et des agents qui disposent déjà d’offres classiques. Notre mission est de fournir des solutions de niche, d’où la création de cette offre dédiée aux risques aggravés. Ces risques sont souvent associés à des résiliations de contrats par les compagnies d’assurance. Nous nous positionnons précisément sur ce créneau pour permettre aux courtiers et agents de conserver leurs clients en portefeuille. L’objectif est de proposer une alternative qui évite au client de quitter son agent ou son environnement habituel. Cela est crucial, car un client en agence détient généralement plusieurs contrats, ce qui représente un enjeu important pour l’agent et le courtier. Nous nous distinguons par notre rigueur et notre réactivité. Contrairement à d’autres cabinets, nous avons la capacité de traiter les souscriptions de risques aggravés rapidement, souvent dans la journée, voire dans l’heure. Nous offrons ainsi un service particulièrement efficace et rapide pour répondre à ces demandes spécifiques. Notre portefeuille risques aggravés évolue non seulement positivement, mais il se bonifie. Cette amélioration est le résultat de notre expérience et de notre capacité à fournir des réponses toujours plus adaptées.

Quelle expertise nécessite ce travail sur les risques aggravés ?

Qu’il s’agisse de risques classiques ou aggravés, notre priorité est de rester vigilant quant au rapport S/P pour nos assureurs. Aucun assureur ne souhaite couvrir des sinistres sans obtenir en retour des primes et des résultats techniques positifs. C’est pourquoi nous nous engageons fermement à obtenir des résultats pour nos assureurs. Nous disposons d’un service d’actuariat dédié qui contrôle et analyse rigoureusement l’ensemble de nos risques et souscriptions. Notre objectif est de veiller à la qualité des souscriptions pour préserver nos résultats. Cela passe par un suivi d’activité précis et des stratégies de ciblage adaptées. Concernant le risque aggravé, il recouvre différentes situations : des problèmes liés à l’alcoolémie, au comportement routier (comme la perte de points), ou encore des sinistres répétés. Nous prenons en compte chaque profil pour ajuster nos tarifs au mieux, en tenant compte de la typologie de chaque risque.

L’assurance auto des malussés nécessite-t-elle son propre modèle de tarification ?

Oui, l’assurance auto pour les risques aggravés suit un modèle de tarification distinct de celui de l’assurance auto classique, du moins chez Xenassur. Ce produit est séparé car il doit intégrer des critères spécifiques d’aggravation. Par exemple, un assuré avec un historique de sinistres multiples exige de part leur fréquence d'ajuster le processus de tarification en ajoutant des coefficients appropriés pour refléter ces risques accrus. Lors de la tarification, nous prenons en compte l’historique d’assurance des prospects. Ainsi, une personne avec un long passé sans sinistre mais qui connaît une mauvaise passe sera avantagée par rapport à quelqu’un qui est régulièrement impliqué dans des sinistres.

Quelles sont les tendances concernant les jeunes conducteurs ?

Les statistiques montrent des différences significatives selon l’âge et l’environnement. Chez les conducteurs âgés de 23 à 50 ans, les tendances ne sont pas particulièrement marquées. En revanche, chez les conducteurs plus âgés, on observe une augmentation de la fréquence des sinistres. Cette augmentation est probablement liée à plusieurs facteurs : l’âge bien sûr, mais aussi les changements dans l’environnement de conduite, tels que la densité accrue de la circulation et les modifications du Code de la route.

Quelle est la répartition actuelle de votre portefeuille risques aggravés entre deux-roues et automobiles ?

Notre portefeuille est majoritairement composé de deux-roues, représentant environ 75 % du total, le reste étant constitué principalement de risques auto aggravés. Il est important de noter que la gestion des dossiers de risques aggravés est complexe et nécessite des collaborateurs très précis et impliqués. La constitution de ces dossiers demande de nombreux justificatifs et documents pour rassurer nos partenaires assureurs, ce qui exige une grande rigueur de la part de nos gestionnaires.

Quelles sont actuellement vos relations avec vos partenaires assureurs sur cette typologie de risque ?

Notre principal partenaire pour les risques aggravés est la compagnie L’Équité, qui dispose d’équipes expérimentées dans ce domaine. Nous confrontons leur expertise à la nôtre pour créer le produit le mieux adapté possible. Actuellement, nos relations sont bonnes, principalement parce que nous restons vigilants sur la qualité des souscriptions. Il est important de noter que la relation entre un courtier grossiste comme nous et une compagnie d’assurance dépend fortement des résultats techniques. Une dégradation de ces résultats peut facilement engendrer des tensions.

Quel bilan tirez-vous de votre nouvelle offre sur les véhicules anciens, une autre niche de l’assurance auto ?

Notre offre sur les véhicules anciens a été très bien accueillie sur le marché et prend une importance croissante au sein de notre cabinet. L’une des originalités de cette offre, par rapport à d’autres distributeurs, est qu’elle est proposée sous forme de flotte. Les assurés peuvent y inclure plusieurs véhicules, de différents types, que ce soit des voitures, des tracteurs, ou autres. C’est un contrat ouvert qui permet de regrouper un, deux, trois, voire quinze ou vingt véhicules. Ce produit très flexible rencontre un grand succès.

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