Damien Dumas, DGA santé-prévoyance du groupe Apicil

« En 2025, avec Territoria, Apicil va créer une société d’assurance dédiée à la prévoyance des territoriaux »

Publié le 12 décembre 2024 à 9h00

Sarah Noufi    Temps de lecture 6 minutes

Damien Dumas, directeur général adjoint santé-prévoyance d’Apicil, dresse le bilan 2024 et décline ses objectifs 2025. Il évoque également le rapprochement avec Territoria mutuelle et les perspectives de développement à venir, notamment en prévoyance pour la territoriale.

Quel bilan faites-vous de l’année 2024 pour Apicil ?

En santé, globalement, nous ne sommes pas très loin de ce que nous avions anticipé en termes de consommation, avec une inflation de 7% par rapport à 2023 constatée à fin octobre. Notre inquiétude se porte plutôt sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Notre positionnement sur les renouvellements de contrats est de fait un peu plus sensible car les modalités gouvernementales précisent que l’État veut récupérer plus d'un milliard d'euros en transférant des charges du régime obligatoire vers les Ocam.

L’autre point de préoccupation concerne les entreprises et la hausse des cotisations qui se rapproche des 8 à 10 %. Cela montre que l’assurance santé coûte de plus en plus cher. L’employeur, qui est obligé de prendre en charge au moins 50 % du coût du contrat de la mutuelle d’entreprise, se retrouve avec des cotisations qu’il ne peut plus assumer. Il aura donc tendance à souscrire un contrat moins cher, avec un changement de régime et une baisse des garanties.

En santé, distribuez-vous des contrats standard ou sur-mesure ?

Le contrat sur-mesure concerne les plus grandes entreprises, à partir de 100 salariés. En dessous de ce seuil, les différences ne sont pas suffisamment significatives et représentatives pour justifier un tarif différencié par rapport au tarif standard. Lorsqu’une entreprise compte un grand nombre de salariés, nous pouvons affiner le tarif en tenant compte de la composition démographique (par exemple, le nombre de femmes et d’hommes, l’âge moyen…). Chez Apicil, nous avons plus de contrats standards en nombre. Cependant, en termes de population assurée et de chiffre d’affaires, la part est plus élevée pour les contrats sur-mesure. La loi des 20/80 s’applique : le standard représente 80 % des contrats en nombre et 20 % en CA.

Quel sera le chiffre d’affaires santé-prévoyance du groupe à fin 2024 ?

Concernant le chiffre d’affaires 2024, nous pouvons dès le début d’année prévoir notre atterrissage puisque nos contrats individuels et collectifs sont annuels et prennent effet au 1er janvier. Nous avons très peu de souscriptions ou de résiliations en cours d’année (moins de 6 % des contrats individuels en 2024). Cela explique pourquoi nous avons peu de surprises sur la partie cotisation santé et que les 900 M€ attendus seront atteints.

Pour la prévoyance, les résultats sont plus positifs que prévu pour plusieurs raisons. La première est le maintien d’un taux d’intérêt relativement élevé, qui limite les provisions. En effet, plus les taux d’intérêt sont élevés, moins nous avons besoin de provisions pour couvrir les sinistres futurs. Cela nous permet de reprendre les provisions constituées pour les années à venir.

Et concernant la sinistralité ?

Nous constatons une sinistralité en prévoyance, sur les années antérieures, qui est meilleure que ce que nous avions observé en juin 2024. De moins en moins de personnes basculent du statut d’arrêt de travail à celui d’invalidité. Les sinistres que nous pensions devoir couvrir jusqu’à l’âge de la retraite ne se concrétisent donc pas. Cela nous permet de reprendre les provisions constituées, ce que nous appelons « un boni de liquidation ».

En 2024, comme en 2023, nous observons un niveau de boni sur liquidation plus élevé, ce qui améliore nos résultats en prévoyance. Concernant les arrêts de travail longs, nous avons un niveau d’arrêt conforme à nos prévisions, sans dérive notable sur notre portefeuille. En résumé, les résultats 2024 sont conformes aux attentes en santé et meilleurs qu'attendus en prévoyance.

Qu’en est-il des perspectives pour 2025 ?

Nous anticipons une année 2025 plus complexe. Le PLFSS n’est pas encore finalisé, ce qui complique l’ajustement de nos tarifs en santé et prévoyance. Par ailleurs, une réforme en prévoyance, peu médiatisée mais très impactante, prévoit une baisse du remboursement social des indemnités journalières avec un plafond qui descend de 1,8 à 1,4 Smic.

Quelles sont les conséquences de cette baisse de remboursement ?

Le Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP) estime l’impact sur les complémentaires à 800 M€, soit 4% des cotisations. Nos calculs confirment ce chiffre. Cependant, il existe de fortes disparités entre les institutions de prévoyance.

Votre mix produit (60% santé, 40% prévoyance) a-t-il évolué ?

Nous progressons chaque année, avec une part croissante de la prévoyance. Toutefois, nous n’avons pas encore inversé ce mix. La difficulté réside dans l’inflation plus importante en santé, avec un taux de 8%, contre seulement 2% en prévoyance. Cela augmente mécaniquement la part du chiffre d’affaires santé. Pour inverser ce mix, nous devons attirer davantage de clients en prévoyance qu’en santé. Entre 2020 et 2024, nous avons tout de même gagné 4 points : la part de la prévoyance est passée de 37 % à 41 %. Un levier important sera l’intégration de l’assurance de la fonction publique territoriale en prévoyance via Territoria mutuelle. Cela boostera notre CA prévoyance en 2025 de 100 M€.

Quelle est la stratégie d’Apicil auprès de la fonction territoriale ?

C’est un axe de développement significatif. En 2024, nous avons mis en place une substitution de Territoria mutuelle par Apicil mutuelle, avec un objectif en 2025 : créer une société d’assurance dédiée à la prévoyance. Ce marché est en forte croissance.

Avez-vous répondu à des appels d’offres via Territoria mutuelle ?

Cette année, Territoria mutuelle a répondu à 90 appels d’offres en prévoyance, couvrant 600 000 agents. Ces contrats, d’une durée de six ans, sont majoritairement facultatifs pour l’instant, car le décret rendant obligatoire les contrats collectifs prévoyance dans les collectivités territoriales n’est pas encore sorti. Territoria mutuelle a remporté 25% des appels d'offres, dont ceux des centres de gestion de la Gironde, du Var et de la Loire-Atlantique.

L’obligation d’adhérer est-elle avantageuse pour les agents ?

Oui, un contrat obligatoire est moins cher pour chaque agent grâce à une mutualisation totale. Généraliser cette obligation dans les collectivités territoriales serait donc bénéfique. Après une année 2024 très intense, nous attendons pour 2025 une activité davantage tournée vers le renouvellement de contrats existants.

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