Les sinistres climatiques 2022 ont fragilisé le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles et entraîné de lourdes pertes pour les assureurs et réassureurs du marché français, lequel se retrouve aux premières loges au niveau mondial face au dérèglement climatique.
Année la plus coûteuse en dommages climatiques depuis 1999, 2022 n’a pas fait de cadeau aux assurés et à leurs assureurs. Mega-feux en Gironde, records de température dans des zones inattendues, violente tempête en Corse, grêle exceptionnelle, ont porté la facture climatique à 10,6 Md€ selon France assureurs. Cette facture est absorbée à trois niveaux : par le régime Cat Nat pour les catastrophes naturelles reconnues par l’état (inondations et coulées de boue, mouvements de terrain, avalanches, séismes, éruptions volcaniques, raz-de-marée, cyclones), par les garanties tempête grêle neige (TGN) dans les contrats auto et MRH, et par le dispositif d’assurance récolte pour les pertes agricoles. Suivant ce découpage, les sinistres climatiques ont coûté 6,9 Md€ au titre des TGN (dont 5,1 Md€ de grêle), plus de 3 Md€ au régime Cat Nat (dont 2,9 Md€ de sécheresse) et 633 M€ à l’assurance récolte.
La CCR en baisse de régime
Entre l’accélération de la sinistralité climatique, l’envol du coût des réparations dû à l’inflation et l’élargissement de la couverture du retrait-gonflement d’argile (RGA) via l’ordonnance du 8 février 2023, la Caisse centrale de réassurance (CCR), qui gère le régime Cat Nat depuis sa création en 1982, a alerté fin mars de la baisse de ses réserves. Le fonctionnement du régime consiste pour les assureurs à céder 50 % de la surprime Cat Nat de leurs contrats (12 % MRH, 6 % auto et 12 % multirisque professionnelle) au régime pour que la CCR prenne à sa charge 50 % des dommages lorsqu’une catastrophe survient (hors souscription d’un stop-loss optionnel par la cédante qui se réassure auprès de la CCR). La CCR récolte ainsi 850 M€, la totalité des primes marché étant de 1,7 Md€ par an.