La micro-assurance peut-elle se résumer à une assurance low cost ?
Pas du tout. L'assurance est par essence un outil de réduction de la pauvreté. S'il faut employer le mot micro, utilisons-le comme les historiens à propos de la microhistoire : l'assurance non pas vue d'en haut, mais à partir de citoyens de condition modeste. Le low cost n'a rien à voir là-dedans. Il faut au contraire éviter de prendre une assurance de base et de diviser par quatre le montant de la prime et des taux de garanties proposés. Il s'agit d'une assurance strictement essentielle, une première réponse au défi d'une protection sociale française conçue pour une société en voie d'industrialisation avec des modes de vie standardisés, de l'éducation à la retraite. Aujourd'hui, les fluctuations de revenus sont de plus en plus fréquentes.
C'est donc une assurance contre la pauvreté ?
Non plus. Il s'agit de développer une assurance contre les nouvelles formes de vulnérabilité, encore mal appréhendées par l'assurance. Les mots "pauvreté" et "micro-assurance" ne sont pas appréciés par le public visé. En 2007, des focus groups avec des créateurs d'entreprise au RSA ou au chômage ont montré que les termes low cost, micro-protection ou pauvreté ont été rejetés par ces clients qui refusent d'être réduits à un seul état de fragilité. On retrouve ce même sentiment dans les pays émergents.
L'assurance et les mutuelles sont-elles bien armées pour attaquer ce marché ?
Elles peinent à aller à la rencontre d'un public précarisé ou en voie de l'être, tout simplement parce que la société change plus vite que les structures. L'exercice est difficile même avec des fichiers clients très élaborés : les incidents de...