En 1982, le marché français, dominé par le secteur nationalisé, est très conventionnel. En dépit d'une solide solvabilité - garantie par un contrôle administratif sévère de l'Etat - et d'une réputation de régler rapidement les sinistres, il souffre de handicaps qui gênent les courtiers : sa relative frilosité en matière d'innovation et sa lenteur dans la souscription.
C'est un marché très réglementé. Les tarifs de l'assurance automobile sont fixés par l'Etat, ceux de l'assurance incendie sont définis par l'Assemblée plénière des sociétés d'assurance. Les assurés vivent sous le diktat du tout puissant "tarif rouge". Lorsque le marché est en perte, les assureurs décrètent des majorations "de conjoncture", qui ne sont ni plus ni moins que des ententes de marché. Même le commissionnement des courtiers est fixé par décret. Les ristournes aux assurés sont interdites.
Dans cet environnement, le courtage est un pôle d'innovation. Dès les années 1960-1970, sur la base de cas apparus dans la construction navale, Alain Bessé met en évidence le problème du vice caché et des immatériels purs. Il joue également un rôle de pionnier dans la promotion des couvertures "pertes d'exploitation", quasiment inconnues en France à cette époque. Le marché a du mal à suivre... mais il suit.
En 1982, on pourrait croire que le marché français des assurances, qui vient d'enregistrer une croissance de 18,2 % de ses primes, est optimiste. Pas du tout. Le rapport de la FFSA déplore qu'une compagnie sur quatre...