Le tourisme médical apparaît comme une niche d’activité en France, une surprise ?
Pas vraiment, le système de santé français ne produit pas d’exclusion massive de la santé grâce à des dispositifs inclusifs type CMU, aide à la complémentaire santé, voire ANI (généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés du privé). La mobilité des patients français demeure ainsi un phénomène marginal. D’ailleurs, les montants remboursés pour des soins effectués à l’étranger de 141 M€ demeurent bien modestes en comparaison avec les dépenses de l’assurance maladie qui avoisinent les 180 Md€. En outre, l’activité est fortement corrélée aux risques géopolitiques qui restent actuellement préoccupants dans certains pays. La Turquie et la Tunisie par exemple ambitionnaient de devenir des plates-formes de tourisme médical. Les actualités récentes ne plaident pas pour leur développement.
Cela explique-t-il la pénurie d’offre de couverture assurantielle ?
En réalité, le sujet est sensible car il comporte une exposition non négligeable en termes de risque d’image, de risques financiers et de judiciarisation. Par ailleurs, les assureurs français sont dans une logique de structuration des réseaux de soins, notamment dans les domaines du dentaire et de l’optique. Promouvoir le recours à des professionnels de santé non hexagonaux brouillerait notablement la lisibilité de leur stratégie auprès de leurs partenaires de santé français.
Néanmoins, comment le secteur assurantiel français peut-il tirer parti du phénomène du tourisme médical ?
Le tourisme médical doit être une source de réflexion tant pour les assureurs que pour les pouvoirs publics. Il va permettre de mieux appréhender le fonctionnement des structures de soins à l’étranger, y compris en Europe, et d’en tirer le meilleur parti en termes d’efficacité, d’innovation technologique, de pratiques, de suivi médical et d’organisation. Bref, d’efficience du parcours de soins.