Les mutuelles 45 ne représentent plus que 453 acteurs de la complémentaire santé, contre 1 069 en 2007. Que vous inspire une telle concentration du marché ?
Hors de nos frontières, on s’étonne de la très grande quantité d’acteurs qui existe encore en France ! Pourtant, les récents projets de rapprochement n’ont pas toujours bien fonctionné. En France, la culture du monde mutualiste est particulière, et l’on y fait trop souvent des mariages économiques pas si documentés ni rationnels qu’il n’y paraît. On affiche des intentions de regroupement, puis on les redoute ou bien on affiche des intentions communes qui ne seront pas suivies d’effets. Sferen en est l’exemple. Dès l’origine de leur rapprochement, en 2009, les observateurs trouvaient floue l’alliance de la Macif, de la Maif et de la Matmut et elle ne s’est en effet pas concrétisée. Il faut d’ailleurs garder à l’esprit que la logique des sociétés de personnes à but non lucratif n’est pas centrée sur les affaires. Jamais, historiquement, leurs regroupements ne se sont produits suivant les mêmes objectifs, ni les mêmes règles que les fusions d’entreprises destinées surtout à créer de la valeur et à conquérir de nouveaux marchés. Aussi, lorsque ces groupes passent de l’idée d’une existence commune à sa mise en œuvre concrète, on s’aperçoit que c’est compliqué.
Sur le marché de l’assurance santé collective, les stratégies d’alliance mutualistes sont-elles vouées à l’échec ?
Non, car il y a eu des réussites. Mais elles sont assez rares. En tant que simple observatrice externe, je peux à ce stade en citer deux. Il y a, tout d’abord, le cas AG2R-La Mondiale. Le groupe semble avoir agrégé les mutuelles, une a une, dans son pôle mutualiste. Son modèle de gouvernance parait assez décentralisé : le...