L’importante baisse de taux enregistrée par les fonds euros en 2016 vous semble- t-elle justifiée ?
Mieux vaut prévenir que guérir. Schématiquement, on peut considérer que le portefeuille des compagnies tourne sur une dizaine d’années. La baisse historique des taux longs enregistrée depuis deux ans n’a donc pas fini de produire ses effets. Même si les assureurs français sont moins exposés que leurs homologues allemands aux conséquences de cette conjoncture inédite, un taux de l’OAT dix ans qui passe de 3 % à 0,1 % change la donne. Et si les compagnies veulent pouvoir continuer de couvrir leurs frais de gestion pour fournir leurs prestations à leurs clients, elles n’auront d’autre choix, à un terme ou un autre selon leur situation individuelle, que de freiner la distribution de leurs résultats pour anticiper les prochains exercices qui s’annoncent difficiles.
Les mesures inscrites dans la loi Sapin II vous semblent-elles justifiées ?
Elles ont le mérite de traiter à froid plutôt qu’à chaud les conséquences que pourrait avoir pour l’ensemble de la place une remontée brutale des taux qui, faute de garde-fou, conduirait les compagnies à vendre en moins -values obligataires et pourrait déboucher sur un véritable krach. Cette loi ménage également la possibilité, en cas de risque de liquidité systémique, de bloquer le versement des dividendes aux actionnaires des compagnies d’assurance vie. Cela semble équitable et cohérent.
Pensez-vous que les fonds en euros aient encore un avenir dans le paysage de l’épargne ?
On annonce leur fin depuis près de dix ans et ils représentent toujours environ 80 % des flux nouveaux d’assurance vie. On peut donc raisonnablement penser qu’il y aura toujours de la place pour ces produits qui assurent le versement d’un capital connu à l’avance à tout moment. En revanche, le temps béni de l’alliance rentabilité-liquidité-sécurité à 100 % est probablement terminé.