En ce printemps 2020 plombé par une crise sanitaire mondiale inédite et un marasme économico-financier dont aucun expert ne s’aventure à anticiper précisément ni l’ampleur ni la durée, le bilan 2019 du secteur vie de l’assurance français fait figure d’oasis surréaliste. Pourtant, les données affichées n’ont rien de factice.
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En progression de 3,5 % par rapport à 2018 (une année qui avait déjà enregistré un rebond d’activité de 4,5 %), la collecte d’assurance vie a atteint l’an passé 144,6 Md€, selon notre classement des 100 premiers contrats d'assurance vie en 2019. « Il s’agit là du meilleur score de ces vingt dernières années », souligne l’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Ce chiffre dépasse la collecte record de 2010 (143,8 Md€). Certes, cette même année la collecte nette (de retraits) avait grimpé à 51,1 Md€, soit un niveau deux fois plus élevé que celui réalisé l’an dernier (25,9 Md€ contre 21,5 en 2018). Mais comparé aux exercices qui ont suivi (en 2011 la collecte nette avait fondu de plus de 43 Md€ pour s’établir à 7,7 Md€ avant de tomber dans le rouge l’année suivante à -6,5 Md€), le montant de collecte nette 2019 « est le plus fort enregistré depuis neuf ans », poursuit Philippe Crevel.
L’encours des contrats d’assurance vie (provisions mathématiques majorées des provisions pour participation aux bénéfices) qui s’élevait fin décembre à 1 788 Md€, en progression de 6 % sur un an, est une autre illustration de la place toujours privilégiée qu’occupe ce placement multifonction (précaution, retraite, transmission) dans la panoplie d’épargne des ménages et dont attestent les dernières statistiques publiées par l’Insee en la matière : fin 2018, sur les 5 375 Md€ que représentait en montant brut (de dettes) le patrimoine financier des Français, l’assurance vie et l’épargne retraite captaient 2001 Md€, contre respectivement 1 559 et 1 154 Md€ pour les comptes de dépôts (et numéraire) et les actions.