Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures, et Christophe Eberlé, président et directeur associé d'Optimind, donnent leur point de vue de spécialiste sur l'état du fonds euro et son avenir. Des visions qui divergent.
Pensez-vous que le marché de l'assurance vie en euros traverse une crise structurelle ou conjoncturelle ?
Christophe Eberlé. Pour moi, c'est clairement structurel. L'époque heureuse dont a bénéficié le fonds en euros depuis plus de trente ans est terminée. La crise financière n'a fait qu'accélérer un tournant qui devait, de toutes les façons, être pris pour au moins trois raisons. La première est démographique. Une frange importante de la population assurée arrive, ou est arrivée, en fin de phase de capitalisation en partant en retraite. Elle va devoir désormais utiliser son épargne, ou au mieux réduire ou suspendre ses versements. La deuxième raison est liée au contexte financier qui a fondamentalement changé. L'érosion des rendements obligataires, combinée à la forte volatilité des marchés, complique sensiblement l'optimisation de l'équation "garantie quotidienne en capital/rentabilité" à laquelle est soumis le fonds en euros. Par conséquent, et c'est là mon troisième argument, se pose la question de l'adéquation du support en euros à des objectifs d'épargne complémentaire retraite de long terme. Or, le vrai besoin des Français avec la baisse des revenus de retraite est maintenant celui-là : obtenir un complément de retraite. A mon sens, et dans une perspective de placement long terme, le support et/ou contrat en euros a perdu de son intérêt.
Cyrille Chartier-Kastler. Je trouve qu'il y a beaucoup de propos excessifs autour de la mort annoncée de l'assurance vie et plus particulièrement du fonds en euros. Certes, on assiste à la fin d'une époque, celle du rouleau compresseur de...