Le vieillissement de la population salariée entraîne une dérive naturelle en prévoyance collective, alors que les taux bas pèsent sur la rentabilité et la solvabilité des assureurs positionnés sur ce segment.
journaliste
En santé collective, l’entrée en vigueur du 100 % santé début 2020 a mobilisé les énergies, tant celles des responsables des ressources humaines dans les entreprises que celles des assureurs et des courtiers, au point que la prévoyance en a été quelque peu délaissée. La dérive des arrêts de travail a pourtant continué, certains opérateurs observant même son accélération au dernier trimestre 2019. Logique, selon Estelle Villermet, senior manager chez Addactis : « D’une part, les baby-boomers deviennent des seniors. D’autre part, le report de l’âge légal du départ à la retraite à 62 ans, suite à la réforme de 2010, a des effets inéluctables sur les régimes de prévoyance. Ipso facto, il en résulte a minima une dérive annuelle d’un point sur la garantie décès et de 0,75 % sur la garantie arrêt de travail. » Ce vieillissement de la population salariée, le cabinet d’actuariat conseil le constate dans la déformation de la pyramide des âges tenant à une forte hausse de l’activité des plus de 50 ans dont les risques et les coûts sont plus élevés en prévoyance. Selon Addactis, l’évolution démographique entraîne à elle seule une hausse de la sinistralité de huit points en décès entre 2012 et 2020. Remis au gouvernement en février 2019, le rapport relatif à la prévention, l’efficacité, l’équité et la maîtrise des arrêts de travail de MM. Bérard, Oustric et Seiller pointe également une progression de la masse salariale qui a pour effet de tirer le montant des prestations. Autre explication : les âges moyens de départ à la retraite des invalides qui ont tendance eux aussi à augmenter.