La généralisation de la complémentaire santé aux salariés aura pour effet de vider partiellement le marché de l'individuel.
Difficile de faire des pronostics sur les conséquences d'un texte en préparation. Mais, si la loi devait être votée en légitimant le recours aux clauses de désignation, et si les branches faisaient majoritairement ce choix, ce serait un séisme pour le marché des collectives. Néanmoins, du point de vue des assureurs et des courtiers, l'ANI (accord national interprofessionnel) tel qu'il a été signé le 11 janvier dernier permet déjà de dégager quelques tendances fortes. Dont un redécoupage à moyen terme du marché entre assurances individuelle et collective.
De l'avis général, l'ANI pourra aussi accélérer le développement du marché embryonnaire des surcomplémentaires, si le niveau des couvertures obligatoires est modeste, et même si les circuits d'information actuels ne permettent pas un traitement automatisé de ces garanties. « Cette transposition va se faire à un moment de grandes difficultés économiques. On pourrait donc imaginer que soient mises en place des couvertures minima, avec une strate supplémentaire, obligatoire ou facultative en fonction des choix des entreprises », explique Martine Rapoport, directrice clientèle collective de CNP assurances.
En tout cas, les organismes assureurs auront tous un défi à relever. « L'ANI, c'est une rupture de marché comme on n'en vit pas souvent », remarquait Catherine Touvrey DG déléguée de la Macif à l'occasion d'un point presse sur la stratégie de la mutuelle. « Il faut s'arranger pour récupérer en collectif ce qu'on va perdre en individuel », résume simplement Yanick Philippon, directeur des collectives chez Generali.