Ils sont nombreux, souvent isolés, et parfois déjà multi-équipés. Les travailleurs non salariés sont une cible hétérogène mais à fort potentiel pour laquelle les assureurs se livrent une bataille sans merci.
Journaliste
La généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés vient de prendre effet et, avec elle, c'est tout le marché des assurances de personnes qui doit rapidement s'adapter. Pour les acteurs dont les portefeuilles étaient surtout constitués d'une clientèle individuelle, la donne change radicalement : en 2016, près de 60 % des assurés seront couverts par un contrat collectif, contre 40 % en individuel. Les proportions étaient inverses avant l'Accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013.
« Il y a eu la crainte d'un tsunami, d'un renversement brutal du marché, reconnaît Patrick Julien, directeur du développement d'Alptis. Mais les entreprises ont mis du temps à conclure leurs contrats et les accords de branche sortent tardivement. De plus, les entreprises ont mis en place leurs contrats par décision unilatérale (DUE) le plus souvent, et le nombre de salariés demandant une dispense est important ». Cette transformation suscite toutefois un regain d'intérêt pour une population exclue du champ de l'ANI, à savoir les travailleurs non salariés. Soit 2,8 millions d'actifs en France dans les secteurs non agricoles (près de 10 % de l'emploi total) en 2014, selon l'Insee, dont près d'un million d'auto-entrepreneurs. C'est une population hétéroclite. La structure de l'activité et les niveaux de revenus diffèrent fortement entre les artisans et commerçants, les professions juridiques ou médicales réglementées, et une quantité d'autres métiers exercés par les travailleurs indépendants. Tous partagent la caractéristique de devoir s'assurer deux fois : pour eux-mêmes, à titre personnel, et pour leur activité. La multi-détention de contrats est donc souvent la règle.