Cinq ans après un premier lancement peu concluant, l’eurocroissance revu et corrigé par la loi Pacte du 22 mai 2019 a-t-il une chance de convaincre davantage d’épargnants ? S’imposera-t-il comme une alternative durable face aux fonds en euros classiques malmenés par la chute inédite des taux longs tombés en territoire négatif ? Eléments de réponse.
journaliste
Présenté comme une nouvelle voie prometteuse pour l’assurance vie, le fonds eurocroissance, aujourd’hui commercialisé par une petite dizaine d’assureurs (Aviva-Afer, Axa France, BNP Paribas Cardif, CNP assurances, Crédit agricole assurances, Generali, Prépar-vie...) n’a toujours pas trouvé son public. L’encours cumulé sur ces supports atteignait fin 2018 2,5 Md€, soit une goutte d’eau par rapport aux 1 337 Md€ capitalisés sur les fonds en euros à la même date.
Pourtant, lorsque l’eurocroissance fut porté sur les fonts baptismaux en septembre 2014, la Fédération française de l’assurance lui prédisait un avenir radieux. « D’ici fin 2015, 70 % du marché proposera de l’eurocroissance », annonçait alors confiante la fédération professionnelle qui s’appelait encore FFSA. Las, c’était compter sans la réticence de nombre de compagnies à promouvoir auprès de leur clientèle la valeur ajoutée d’un support dont elles-mêmes n’étaient guère convaincues.
Principe et réalité
Sur le papier, le principe de l’eurocroissance est certes séduisant : il consiste à offrir une garantie du capital (de 100 % à 80 % selon les offres) non plus permanente mais à échéance (de huit ans minimum à… quarante ans parfois !), ce qui d’emblée ménage plus de souplesse de gestion à l’assureur. Celui-ci peut s’exposer davantage sur les marchés actions, donc dégager de la performance, sans que la prise de risque ne repose directement sur les épaules de l’assuré. Et sans pour autant que cette allocation d’actifs ne lui coûte, à l’aune de...