Si l'écart entre le niveau des dépenses engendrées par un bénéficiaire de la CMU-C et le forfait censé les rembourser explique la réticence des assureurs, le manque d'initiative sur le segment de l'ACS se justifie moins.
En France, le marché de la complémentaire santé est saturé, et donc très concurrentiel. On oublie trop souvent que cet état de fait est relativement récent : deux personnes sur trois étaient couvertes en 1980, quatre sur cinq en 1990 et un peu moins de neuf sur dix en 1999. Mais c'est avec la mise en place de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) en juillet 1999, puis de l'aide complémentaire santé (ACS) en janvier 2005, que la proportion de personnes couvertes par une complémentaire santé a augmenté pour atteindre les sommets d'équipement que l'on connaît aujourd'hui (94 % en 2008, selon les derniers chiffres connus, publiés par l'Institut de recherche et documentation en économie de santé).
Ces deux types d'aide ont donc contribué à saturer le marché, et ne sont pas des phénomènes marginaux. Selon les récents chiffres publiés par le Fonds CMU, les effectifs à fin 2010 de la CMU-C étaient estimés à un peu plus de 4,3 millions de bénéficiaires, en progression de 3,3 % par rapport à décembre 2009, tandis que plus de 630 000 personnes ont reçu une attestation ACS courant 2 010. Au final, ce sont environ 4 millions d'assurés qui entrent dans ces deux différents dispositifs, pourtant très peu souvent évoqués par les assureurs complémentaires.
Finalement, du fait de l'institution de la CMU-C, le premier assureur complémentaire de France est depuis 2009... la Sécurité sociale. La CMU-C, accordée pour 1 an sous condition de ressources, complémentaire santé gratuite...