Quel regard portez-vous sur l'évolution de la gestion de la santé collective ?
Ce segment a été longtemps laissé aux courtiers et aux institutions de prévoyance. Progressivement, les institutions du Gema, les assureurs de la FFSA et les mutuelles viennent tous sur ce terrain où la chaîne de valeur a éclaté du fait de la transparence tarifaire et de la volonté de baisser les coûts. Pour autant les systèmes d'information, initialement conçus pour gérer de l'individuel, peinent souvent à répondre convenablement à tous les aspects de la gestion collective.
Comment expliquez-vous le poids du courtage dans la gestion pour compte ?
Un fait majeur a changé la donne : l'évolution du code de la mutualité, qui permet désormais aux institutions mutualistes de rémunérer les intermédiaires. Du coup, elles y ont recours de plus en plus. En apportant les affaires, les courtiers leur imposent généralement leurs moyens de gestion intégrés. Ce qui explique leur forte présence sur le terrain de la gestion déléguée malgré l'éclatement de la chaîne de valeur. Cela dit, la mutualité et la prévoyance ont encore du chemin à faire en termes de recours à l'externalisation, du fait d'une sensibilité particulièrement nourrie pour le volet social. Externaliser, c'est prendre des risques à terme sur ses propres emplois.
Quel est le degré de maturité des différents assureurs sur ce sujet ?
Pour déléguer, il faut être capable de contrôler le travail du délégataire. Certains acteurs mutualistes ont encore du mal à le faire. Ils avaient essayé et connu des déboires du fait d'un manque de culture de surveillance. Du côté des compagnies, la maturité semble être de mise. Et exige un reporting permanent sur les actes de gestion sous-traités. Solvabilité II renforce cet aspect du dossier.