Il est présenté comme le Graal, à tel point que le lobbying européen a poussé l'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA) à revoir le calibrage de cette classe d'actifs. L'investissement dans les infrastructures est en effet une voie de diversification cohérente avec le business model des assureurs : un investissement de long terme par excellence, qui correspond aux passifs des compagnies et participe à la croissance de l'économie. Avec l'espoir d'un assouplissement réglementaire, les initiatives se sont multipliées. Allianz France a par exemple annoncé en juillet le lancement d'un fonds de 40 M€ dédié au financement d'infrastructures en Afrique. CNP assurances, en partenariat avec Natixis, s'est fixé un objectif de 2 Md€ d'investissement dans la dette infrastructure entre 2013 et 2016, tandis qu'Axa (via Axa Real Estate) y investira 10 Md€ entre 2013 et 2018. Aviva a quant à lui annoncé vouloir investir 500 M£ chaque année dans les infrastructures jusqu'en 2020. Pour autant, l'apparente sécurité de ces investissements n'exclut pas toute vigilance. « Le contexte géopolitique est très incertain sur les fonds d'infrastructures exotiques indiens ou chiliens par exemple. Il faut savoir à quoi vont servir les infrastructures, quel cash-flow elles vont générer et à partir de quelle date. Il faut faire attention à ne pas investir sur des constructions qui risquent d'être inachevées, de durer trente ans, ou de placer l'investisseur dans une situation fiscale inconfortable », prévient Ghislaine Bailly, présidente de Covéa Finance. Allianz en a d'ailleurs fait les frais récemment : le groupe a dû porter plainte en mai 2014 contre la Norvège pour dépréciation de son investissement dans le gazoduc Gassled. De la même manière, Marie Lemarié, directrice des investissements de Groupama, appelle à la prudence : « Vérifier que le rendement de ces classes d'actifs rémunère leur illiquidité, et mener une diligence adéquate avant de confier la gestion à un tiers sur une classe d'actifs naissant, sont deux prérequis incontournables. » Un investissement dans les infrastructures n'est pas sans conséquence : « Il doit constituer un véritable choix d'entreprise, car il n'y a pas de gros rendements. Ce sont des investissements très longs et très engageants », estime Mathilde Sauvé, responsable des solutions d'investissement des clients institutionnels d'Axa IM.
Zoom sur - Faut-il vraiment investir dans les infrastructures ?
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