Trois questions à Guy-Antoine de la Rochefoucauld, directeur général du Lloyd's France

Publié le 4 février 2019 à 8h00

jc.manuceau@tribune-assurance.fr

Quelle stratégie a adopté Lloyd’s Londres pour répondre aux inquiétudes des clients concernant le Brexit ?

Afin de continuer à apporter l’expertise, la spécialité et le savoir-faire souscripteurs du Lloyd’s, nous avons décidé de créer une compagnie d’assurance au sein de l’UE afin d’assurer la continuité de nos services en cas de Hard Brexit. Lloyd’s Insurance Company S.A. a vu le jour en Belgique. Les équipes ont travaillé d’arrache-pied pendant vingt-quatre mois afin de créer une entité réglementée et agréée en Belgique par le régulateur belge, de manière à pouvoir souscrire tous les risques non vie. Elle est détenue à 100 % par la corporation du Lloyd’s et est capitalisée, en février 2018, à hauteur de 136 M€ et emploie 45 personnes. La société bénéficie des mêmes notations financières que le Lloyd’s à Londres. La compagnie d’assurance est elle-même réassurée par les syndicats et les souscripteurs membres du marché du Lloyd’s. Nous avons obtenu l’agrément pour la réassurance, ce qui nous permet d’assurer la continuité. En plus des obligations de reporting au régulateur belge, nous avons une obligation de reporting auprès de l’ACPR sur des domaines comme la RC médicale et le risque crédit. Lloyd’s Bruxelles a adhéré aux pools Gareat. Lloyd’s Insurance Company S.A. a déjà commencé à souscrire des affaires nouvelles.

Que se passe-t-il au niveau des contrats en cours et les nouveaux contrats ?

Comme le Lloyd’s est un marché, le transfert de portefeuilles est plus compliqué que pour les sociétés d’assurance. C’est pourquoi, il nous a fallu créer une compagnie d’assurance. Afin d’être en accord avec le Code des assurances, nous n’avons pas d’autre choix que de résilier les contrats arrivant à échéance afin de les resouscrire à l’identique avec notre nouvelle compagnie d’assurance belge : Lloyd’s Insurance Company S.A.

En parallèle, nous avons déposé un dossier auprès de la Cour de justice à Londres de manière à faire un transfert de portefeuilles pour les risques avec le Part VII. Bruce Carnegie-Brown a promis de trouver un moyen d’honorer les polices d’assurance souscrites par les clients des 27 États de l’UE restants. Nous avons pour mission de les soutenir et de travailler avec les syndicats qui ont décidé d’apporter leurs services dans l’UE (il y en a neuf à ce jour pour la France), afin qu’ils puissent continuer à se développer en France et en Europe. Nous les aidons aussi à assurer la pérennité des consortia (capacités préétablies de souscription).

Comment gérez-vous ces changements avec les courtiers ?

Les courtiers sont plutôt rassurés de voir que nous avons sécurisé la continuité. Ma mission, en tant que responsable de la France, est de permettre aux courtiers français de développer la possibilité, pour eux, d’avoir des autorités de souscription déléguées (Binders - maintenant CAA) et d’accéder ainsi plus facilement aux capacités et à l’expertise du Lloyd’s. J’ai aussi de plus en plus de courtiers français qui me demandent de devenir courtier du Lloyd’s (Lloyd’s broker). Cela revient à demander un code courtage. Je vais, aussi, apporter un soutien au développement des entités de souscription qu’on appelle MGA, des entités spécialisées dans la souscription pour le compte de la compagnie d’assurance Lloyd’s Insurance Company S.A.

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