Pierre François, directeur général de Swiss Life prévoyance-santé, président du comité santé de France assureurs

« Travailler avec l’Assurance maladie dans un schéma plus partenarial nous convient bien »

Publié le 20 octobre 2022 à 9h00

Juliette Lerond-Dupuy    Temps de lecture 6 minutes

Le dirigeant dresse le bilan du début d'année et revient sur l'impact financier du 100% santé sur le secteur.

Quel bilan chiffré faites-vous du 1er semestre 2022 sur votre périmètre ?

En santé-prévoyance, nous avons essentiellement trois grandes activités : l’individuel, le collectif standard et le collectif sur-mesure. Les hausses les plus significatives du chiffre d’affaires concernent l’assurance collective standard (15 %) et les activités santé et prévoyance individuelles qui progressent respectivement de 5 % et 7 %. Il n’y a pas eu de hausse d’activité en collectif sur-mesure, ce qui ramène la croissance globale à 4 %. Ce qui nous importe est surtout d'instaurer une continuité d’activité et de croissance sur des activités régulières comme l’individuel et le collectif standard. Nous avons une large gamme de produits en santé-prévoyance qui nous permet de rester rentable au fil du temps, les évolutions variant selon les années et les produits cibles proposés aux particuliers, TNS et chefs d’entreprise de TPE/PME.

En dommages, au 1er semestre, nous réalisons 223 M€ de chiffre d’affaires ce qui n’est pas négligeable. Ce premier semestre a été plutôt difficile en termes de rentabilité en raison d’une hausse de la fréquence des sinistres notamment liée aux tempêtes. Pour autant, nous respecterons les engagements pris par la profession sur l’évolution des prix en auto-MRH.

Comment se porte la branche santé-prévoyance ?

Ce n’est pas une découverte, le 100 % santé coûte cher et a déstabilisé les équilibres en santé. Les évolutions et indexations tarifaires de l’an prochain seront en ligne avec l’inflation. Le poids de la réforme est variable selon les typologies de contrats. Il est plus important sur les contrats d’entrée de gamme au sein desquels il peut y avoir un écart d’indexation. Globalement, sur l’ensemble des marchés, il pourrait y avoir des évolutions significatives sur les contrats santé.

En prévoyance, activité plus volatile, le poids du risque est plus important mais davantage lié au portefeuille. Sur cette branche, il pourrait y avoir des écarts significatifs selon les acteurs. Nous avons des portefeuilles qui se portent très bien, d’autres qui sont plus tendus. Les évolutions seront différenciées selon les cas.

Aujourd’hui, le risque le plus important est l’arrêt de travail, surtout en cas de franchises courtes. La tension peut être liée à une sinistralité trop importante d’une entreprise ou à un niveau de primes inadéquat en raison d’une agressivité commerciale. Et il faut alors un an ou deux pour la rattraper. Mais globalement, notre activité prévoyance se porte bien.

Qui sont vos apporteurs d’affaires ?

En collectif standard, nous travaillons avec notre réseau salariés, les agents généraux et le courtage de proximité ou régional. Tandis que pour les contrats sur-mesure, nous travaillons avec les grands courtiers de la Place. En termes de poids relatif, le courtage est le premier distributeur avec environ trois quarts de l’activité toutes branches confondues. Nous souhaitons préserver la dynamique de la branche santé-prévoyance en allant notamment à la rencontre de nouveaux courtiers, en répondant à des appels d’offres, et enfin, en continuant à piloter avec nos courtiers partenaires les portefeuilles pour éviter les dérives.

Nous avons conclu un premier semestre satisfaisant en termes de développement avec un équilibre de nos réseaux de distribution. Nous restons attentifs à être présents sur tous les réseaux de distribution, à les connaître et à répondre à leurs attentes. Nous sommes à la fois proches de nos agents généraux, nous développons des produits pour nos réseaux salariés, et nous répondons également aux attentes du courtage en matière d’accompagnement et de produits proposés. Il ne faut pas s’endormir lorsque l’on travaille avec un courtier, sinon il vous file entre les doigts !

Quelles sont vos attentes sur le PLFSS 2023 ?

En santé, 150 M€ ont été annoncés de transfert de charge à mi-année. Le discours est : « Nous voulons travailler avec les complémentaires santé et trouver ensemble une bonne façon de le faire dans un schéma plus partenarial. » Ce qui nous convient bien. Ce transfert ne se mettra pas en place le 1er janvier de manière radicale mais il y aura le temps de la concertation. L’idée est de travailler ensemble à une forme efficace et utile du transfert des dépenses de santé de l’Assurance maladie aux organismes complémentaires.

Il ne semble pas y avoir d’évolution du 100 % santé. Des pistes d’évolutions éventuelles sur l’inclusion de l’orthodontie pourraient être discutées. Et toutes les dispositions relatives aux médecins semblent plutôt être repoussées aux discussions conventionnelles. En somme, je n’ai pas l’impression qu’il y ait des volontés de changements radicaux.

Seriez-vous favorable à l’inclusion de l’orthodontie au 100 % santé ?

Si cela est fait de manière cohérente pourquoi pas, car l’orthodontie reste un acte coûteux et compliqué en termes d’accès aux soins, donc ce n’est pas une mauvaise idée. Mais si cela se fait, il faudrait que cela soit par des échanges plus construits que la mise en œuvre initiale où nous n’avions pas été impliqués.

Quid d’un ANI prévoyance ?

Au sujet d’un ANI de la prévoyance, nous n’avons pas encore d’information à ce stade mais nous ne sommes pas très partisans de la régulation chez Swiss Life. L’incitation est meilleure conseillère. En revanche, le sujet qui se pose aujourd’hui concerne davantage les autoentrepreneurs qui sont souvent mal couverts.

Pourquoi la santé n’a-t-elle pas fait partie du pack anti-inflation ?

La santé est un sujet plus complexe sur lequel il est difficile de prendre des décisions communes, car il y a davantage de paramètres à prendre en considération. Mais il est presque certain que l’évolution des primes de l’ensemble des complémentaires entre 2022 et 2023 sera en deçà de l’inflation. La principale raison de l’absence de la santé au sein du dit pack est que France assureurs, à l’origine de l’annonce, ne représente que 35 % du marché de la santé, le reste étant au CTIP et à la FNMF. Ainsi, la fédération ne peut s’exprimer pour l’ensemble du marché.

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