Christophe Bardet, directeur général de Covéa protection juridique

«Seul un quart des professionnels est assuré en PJ»

Publié le 2 mai 2025 à 9h45

Sarah Noufi    Temps de lecture 7 minutes

Covea protection juridique, société du groupe Covéa qui regroupe les trois marques Maaf, MMA et GMF, est née fin 2018 du rapprochement d’APJ et de DAS. Avec 305 M€ de chiffre d’affaires en 2024 (+3,5%), Christophe Bardet, DG de Covéa PJ, présente le bilan de l'assureur PJ mais aussi ses ambitions et son plan de marche pour 2025.

Comment est organisée Covéa PJ ?

Nous sommes une PME d’assurance d’environ 550 collaborateurs en 2024, dont 400 juristes. Un tiers d’entre eux délivrent de l’information juridique à nos assurés, tandis que les deux tiers se consacrent à la gestion des litiges. Nous comptons également une cinquantaine de managers ainsi que des fonctions support essentielles (projets, pilotage, produits). Nous assurons un pilotage fin de notre organisation avec une croissance très marquée de notre activité depuis la sortie de la Covid-19. Nous adaptons chaque année nos effectifs à la progression de l’activité et nous prévoyons pour 2025 l’embauche d’une quinzaine de juristes supplémentaires. Nous sommes positionnés en BtoBtoC. Nous n’avons pas de forces de vente en direct mais nous nous appuyons sur les réseaux de distribution des trois marques du groupe et du réseau de courtiers pour proposer nos produits de protection juridique aux clients finaux.

Quel est votre bilan 2024 ?

Le chiffre d’affaires 2024 de Covéa PJ atteint 305 M€, contre 295 M€ en 2023, ce qui conforte notre position de leader sur le marché de la protection juridique en France. Nous avons ainsi franchi le cap des 300 M€, grâce au développement soutenu des trois marques du groupe Covéa, qui représentent 80 % de notre chiffre d’affaires. Celui-ci est composé à 99 % de protection juridique et d’une activité indemnitaire résiduelle. Le marché de la protection juridique est un marché à potentiel, loin d’être saturé, avec un taux de pénétration de 30 % dans la clientèle des marques : un client sur trois est donc équipé d’une protection juridique, ce qui est la norme du marché. La consolidation de notre résultat 2024 par rapport à 2023 est le fruit d’un engagement sans faille de tous nos collaborateurs dans un contexte d’augmentation régulière des fréquences d’utilisation du produit par nos clients. Notre résultat net s’élève à 22,3 M€ en 2024, ce qui, compte tenu du traitement comptable lié à l’évolution des traités de réassurance entre CPJ et Covéa coopérations est une amélioration par rapport aux résultats enregistrés en 2023.

Et les 20 % restants de votre chiffre d’affaires en dehors du périmètre du groupe ?

Nous développons également notre activité via le courtage et les partenariats, en complément de l’activité issue des marques. Cette activité représente 20 % de notre chiffre d’affaires. Nous collaborons avec 800 courtiers partenaires et déployons actuellement un nouvel extranet appelé «Cappital» qui permet de souscrire de la protection juridique pour une clientèle professionnelle. Ce projet, sur lequel nous avons de grandes ambitions, vise à renforcer la part du courtage dans notre activité afin d’atteindre une clientèle plus large et diversifiée. Le marché est porteur. En France, seulement un quart des professionnels est équipé en protection juridique. C’est une réelle offre de valeur qui permet d’apporter au client professionnel une sécurité accrue, une réduction des coûts liés aux litiges, une prévention efficace des conflits, une résolution rapide des litiges et une assistance juridique précieuse.

Quelle est votre stratégie de développement ?

Nous avons deux leviers principaux. D’une part, en capitalisant sur le développement des marques et l’amélioration de la pénétration au sein de leurs clientèles, d’autre part en nous développant au-delà des marques sur le courtage et les partenariats.

Comment se construit votre offre de services et d'assurance ?

Notre offre de protection juridique repose sur trois piliers essentiels pour garantir une couverture complète. L’accès à un conseil juridique préventif : nos juristes reçoivent les appels des clients à tout moment. En 2024, nous avons traité 650 000 appels, soit une progression de 2% par rapport à 2023. Nous faisons de la prévention en amont. Si cela ne suffit pas, nous basculons vers la gestion amiable du litige grâce à l’intervention de juristes spécialisés qui réussissent à trouver un accord avec la partie adverse dans deux litiges sur trois. Enfin, si la résolution amiable échoue, nous accompagnons l’assuré en justice par la prise en charge des frais d’avocat. Au total, nous avons ouvert environ 110 000 dossiers litiges en 2024, en hausse de 4% par rapport à 2023, avec un taux d’utilisation croissant de nos contrats. Nous gérons au total plus de 4 millions de contrats. En 2024, nous avons vendu plus de 400 000 nouveaux contrats, dont deux tiers en produits autonomes et un tiers en produits en options dans les contrats socles (auto, habitation, multirisque professionnelle).

Quelles ont été vos ventes en 2024 ?

En 2024, nous avons connu une stabilité en volume, dans un contexte où les marques ont privilégié la consolidation technique de leur activité. Mais depuis la création de CPJ, fin 2018, notre portefeuille a progressé de 20 %. Nous sommes sur un marché rentable et à fort potentiel de croissance dans une société tendue et de plus en plus judiciarisée. La protection juridique est à la fois utile et de plus en plus utilisée en jouant un rôle clé dans l’apaisement des conflits et en contribuant au désengorgement des tribunaux.

Quels sont les tarifs de vos contrats autonomes et optionnels pour les particuliers ?

Pour les particuliers, un contrat autonome coûte environ 100€ par an (+3% par rapport à 2023). Cette hausse est modérée, notamment par rapport aux augmentations constatées sur les assurances auto et habitation liées au dérèglement climatique et à l’inflation des réparations. Pour les options intégrées, le tarif est en moyenne de 50€ par an, les options étant moins sollicitées que les contrats autonomes. Nous maîtrisons nos coûts grâce à une gestion humaine optimisée : deux sinistres sur trois sont réglés à l’amiable, limitant les frais d’avocat.

Et pour les contrats de PJ professionnelle ?

Pour les contrats autonomes, le coût moyen est de 400€ par an en 2024 (+2,5% vs 2023). Nous proposons davantage de contrats en option qu’en autonome pour les professionnels et entreprises, notamment par l’intermédiaire des marques Maaf et MMA qui intègrent les options protection juridique aux contrats multirisques des professionnels.

Quel est votre taux de turnover ?

Il est bas, autour de 5% en 2024. Nos juristes ne travaillent pas dans des centres d’appels impersonnels : ce sont de véritables professionnels du droit. La plupart évoluent en interne, bénéficiant d’opportunités de carrière. L’âge moyen est de 37 ans. Nous recrutons principalement des juristes diplômés d’un master 2, que nous formons spécifiquement à la relation client et à nos outils métiers. Nous avons huit formateurs internes, car l’entretien des compétences est primordial dans un environnement juridique en constante évolution.

Quels sont vos objectifs pour 2025 ?

Nous souhaitons continuer notre développement en ciblant les 70% de Français non équipés en protection juridique. Notre objectif est de renforcer l’équipement en PJ des clients des trois marques, tout en diversifiant nos relais de croissance via le courtage. Deux autres chantiers majeurs sont lancés : d'une part, l’amélioration des interactions avec nos clients à travers un projet baptisé «Judilib» qui est un système de rendez-vous pour organiser les appels et les suivis de dossiers, permettant aux juristes de mieux se concentrer sur la préparation des affaires. Le deuxième chantier concerne le développement d’outils d’intelligence artificielle dont «Judichat» qui est un assistant d’aide à la réponse client, pour gagner en efficacité et fiabilité. Enfin, «Judicible» est un outil qui automatise le résumé des dossiers et propose des scores d’action en s’appuyant sur l’analyse des 100 000 dossiers traités annuellement. Ces trois outils s’inscrivent dans un investissement structurant de plusieurs millions d’euros (le projet «Judicube» ou Judi Puissance 3). Ils visent à rendre nos juristes plus autonomes, polyvalents et performants, en humanisant davantage la relation client grâce à l’optimisation des tâches répétitives.

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