Ancien dirigeant bien connu du monde de l’assurance, Guillaume Sarkozy a depuis plusieurs années développé une activité de «business angel» pour accompagner des start-up dans les secteurs de l’assurance, de la santé et des ressources humaines. En juin dernier, l’ancien directeur général de Malakoff Médéric est devenu vice-président de Rizlum, une InsurTech qui développe des agents IA écoresponsables et souverains dans le secteur de l’assurance.
Vous accompagnez et investissez dans beaucoup de start-up, notamment au sein d’un secteur de l’assurance que vous connaissez bien. Qu’est-ce qui vous a convaincu d’aller vers Rizlum ?
Je pense que Rizlum est porteur d’un avenir important pour l’IA dans les entreprises. J’ai compris, grâce à eux, le combat qui est en train se jouer entre LLM (Large Language Models) et SLM (Small Language Models). D’un côté, vous avez des modèles généralistes très puissants et très lourds. Un dirigeant d’entreprise rappelait que si toutes les requêtes Google étaient posées a ChatGPT, il n’y aurait pas assez d’électricité sur terre pour les satisfaire. Nous voyons donc très bien l’enjeu de cette question de la gourmandise. À l’inverse, les SLM sont conçus pour une industrie donnée avec de meilleures caractéristiques que les modèles larges. C’est une des raisons majeures qui permettra à l’IA de pénétrer dans les entreprises. Il suffit de lire la presse : 90 % des projets restent à l’état de Proof of Concept (POC). Parce que la « scalabilité » et son coût sont un problème. Les collaborateurs ne suivent pas parce qu’on ne porte pas assez d’attention aux personnes. C’est pour cela que je suis dans Rizlum. Nous sommes des spécialistes de l’IA et de l’assurance et j’essaye d’incarner cette spécialisation métier.
Rizlum insiste sur la souveraineté et l’éco-responsabilité. C’est un vecteur porteur que de faire vibrer ces deux cordes particulièrement sensibles ?
Quand on parle de souveraineté, ce n’est pas seulement celle de la France et de l’Europe. C’est d’abord celle de l’entreprise elle-même. Comme nous sommes SaaS ou On-premise, nous ne touchons pas aux données. Les solutions se connectent aux systèmes qui existent sans chercher à les modifier. C’est facile à mettre en œuvre et simple à piloter. Quant à l’écoresponsabilité, il suffit de comparer les chiffres : nous avons entre 2 et 7 milliards de paramètres dans nos systèmes quand OpenAI en a 500 milliards…
Comment le secteur de l’assurance doit-il selon vous prendre le virage de l’IA ?
L’assurance possède un certain nombre de caractéristiques au niveau informatique. Les core systems sont anciens et ne sont parfois pas fusionnés suite aux différents rapprochements qui ont modelé la vie des groupes. Les données ne sont pas toujours bien construites et organisées. Je pense qu’il ne faut surtout pas chercher à révolutionner les systèmes d’information, mais davantage chercher à tourner autour. Nous allons proposer à nos clients d’améliorer la productivité et le service-client processus par processus. Pas la peine de faire de révolution. On identifie un processus et on l’améliore en lui donnant telle ou telle fonction. Nous sommes économes, frugaux et surtout multimédias.
Est-ce que Rizlum a des clients dans le secteur de l’assurance sur lesquels vous pouvez communiquer ?
Nous avons deux clients importants avec lesquels nous avons commencé à travailler. Depuis que j’ai commencé à travailler avec Rizlum en juin dernier, j’ai monté une quinzaine de rendez-vous. Mais comme vous le savez, c’est long parce qu’il faut à la fois convaincre la direction générale et au cœur des métiers. Souvent, les start-up arrivent au cœur de métier mais ont plus de difficulté à monter jusqu’aux directions générales. Ayant été collègue d’un certain nombre de patrons dans le secteur, ça aide un peu.
On ne peut pas s’empêcher de vous demander : est-ce que vous gardez un œil sur le monde de la protection sociale et l’actualité des groupes paritaires ?
J’ai encore beaucoup d’amis dans le secteur, au Medef et chez les syndicats. Je me tiens informé mais sans aucune intention. Mon seul sujet, ce sont les start-up et le business angel. Dans le monde des start-up, je rencontre des gens formidables qui ont envie de réussir. Et j’aime aider à faire réussir des projets.