Les partenaires sociaux sont en train de mener les négociations relatives à l’Agirc-Arrco, soit les retraites complémentaires des salariés du privé, pour un volume de près d'un tiers de leur future pension. La traditionnelle revalorisation des pensions est sur la table mais également l’annulation du coefficient de solidarité, autrement dit le bonus-malus mis en place en 2019.
Les négociations sont ouvertes entre partenaires sociaux sur le régime complémentaire des salariés du privé, l’Agirc-Arrco. Alors que le dernier accord-cadre, finalisé en 2019, arrive à son terme, les partenaires sociaux doivent définir les nouvelles orientations du régime qui s’appliqueront au 1er novembre pour 2023-2026. Il y sera notamment discuté de la revalorisation annuelle des pensions de retraite complémentaire. Suivant l’évolution du salaire moyen et l’inflation, l’Agirc-Arrco avait revalorisé les retraites complémentaires de + 5,12 % l’an dernier.
À la tête de l’Agirc-Arrco, sa présidente Brigitte Pisa (CFDT), ex-présidente de l’association sommitale AG2R La Mondiale et son vice-président Didier Weckner (Medef), conseiller chez Axa, entrent en négociations pour des décisions concernant plus de 13 millions de pensionnés du privé et 21 millions de salariés actifs.
La retraite complémentaire n’est pas un complément de pension négligeable. Elle représente 30 % de la pension pour un salarié moyen, et peut aller jusqu’à 80 % pour un cadre dirigeant. Dans ce paysage, la retraite supplémentaire a encore du chemin à faire pour s’installer dans le paysage du revenu des retraités puisqu’elle ne représente que 2 % des pensions. D’autant qu'avec la réforme du régime général et la durée de cotisation allongée qu'elle induit, les retraites complementaires vont s’en trouver augmentées.
« La retraite supplémentaire doit prendre son essor et cela dans les petites entreprises. La croissance de cette solution de retraite passera par les contrats collectifs plutôt que via les contrats individuels », explique Maud Vannier-Moreau, directrice générale de Galéa & associés. Si pour l’heure il y a plus d’encours sur le PER individuel (49,3 Md€ à fin 2022) que sur son pendant obligatoire (12,1 Md€), le PERo devrait permettre d’améliorer la retraite des petits salaires, davantage que les PERin, faute de capacité d’épargne-retraite de cette population.
Bonus-malus
Outre le sujet de la revalorisation des retraites, le coefficient de solidarité temporaire, ou bonus-malus, est aussi rediscuté par les partenaires sociaux. Globalement, sa suppression fait consensus. Mis en place en 2019 dans le régime complémentaire Agirc-Arrco, le système a été introduit pour inciter les actifs à partir plus tard et rééquilibrer ainsi les finances du régime. Il s’applique via un abattement de 10 % prélevé pendant trois ans sur les pensions pour les personnes partant une fois tous leurs trimestres validés ou à l’inverse une majoration de 10 % pendant un an pour les personnes partant au moins deux ans après l’âge de départ à taux plein.
Aujourd’hui, la pertinence de ce fonctionnement est questionnée. La situation financière du régime s’est nettement améliorée ces dernières années. L’Agirc-Arrco a enregistré 5 Md€ d’excédents en 2022 avec une réserve de 68 Md€ et le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans augmente la durée de cotisation de deux ans. Ce coefficient ne serait donc plus utile même si selon certains il ne l’aurait jamais vraiment été. « Le bonus-malus est un mécanisme moins impactant que la décote viagère par son caractère temporaire. Qu’il reste ou s’annule ne représente pas un très gros enjeu. La retraite moyenne versée par l’Agirc-Arrco étant de 479€/mois, le malus n’est pas forcément dissuasif et n’a pas vraiment changé les comportements », détaille Maud Vannier-Moreau. Effectivement, fin 2021, l’âge moyen de départ à la retraite était de 62 ans et 7 mois selon un rapport de la Drees.
Si la principale conséquence du report de l’âge de la retraite est pour les assureurs une hausse du risque prévoyance, la suppression ou non du bonus-malus ne pèse pas lourd dans la balance financière. Elle est en revanche un nouveau test de la capacité des partenaires sociaux, aux premiers rangs desquels les représentants de la branche, à piloter le régime de retraite complémentaire des salariés du privé.