Grands risques

Remous à venir dans les renouvellements 2024

Publié le 31 octobre 2023 à 7h30

Mehdi ElAouni    Temps de lecture 4 minutes

Dans son étude annuelle, l’Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise (Amrae) anticipe une stabilité globale des capacités dédiées aux grands risques. Toutefois, des incertitudes subsistent concernant l’évolution des tarifs et les textes des contrats. L’association anticipe une hausse tarifaire moyenne de 5% et appelle les risk managers à davantage de pédagogie sur leur politique de gestion des risques.

L’Amrae a récemment dévoilé son dernier état du marché et perspectives établi avec le grand courtage. Ce travail annuel offre un éclairage approfondi sur les tendances du marché des entreprises d'assurance, avec une analyse distincte de chaque ligne d’assurance. Les perspectives pour l’année 2024 sont incertaines selon l’étude, que ce soit en ce qui concerne l’évolution des tarifs de souscription ou des conditions contractuelles. « Nous considérons que le marché se stabilise globalement même s’il subsiste des tensions sur certaines branches », affirme Alain Ronot, vice-président de l’Amrae.

En conséquence, l’Amrae anticipe des renouvellements 2024 compliqués, notamment en raison de la pression exercée par les réassureurs. « Les réassureurs poursuivent leur pression pour des raisons géopolitiques, climatiques et digitales, déplore François Beaume, vice-président de l’Amrae. Un certain nombre de lignes font les frais des bouleversements du monde. »

L’association appelle ainsi les risk managers à plus de pédagogie vis-à-vis du marché, en plus de fournir des explications en interne à propos des dynamiques de l’assurance et de la réassurance. « Plusieurs facteurs contribuent à rendre les négociations avec les (ré)assureurs plus favorables. Cela inclut la qualité des données de souscription, ainsi que celle de la prévention et de la protection, des éléments qui sont partagés entre assureurs, courtiers et souscripteurs. Les risk managers lancent désormais leurs discussions de manière précoce, exploitant ces délais pour influencer les négociations et renforcer leurs relations de partenariat », explique Alain Ronot.

Des capacités stables… à quelques exceptions près

Alors que la tendance est à la stabilité des capacités financières dédiées aux grands risques, quelques branches impactées par les secousses macroéconomiques font exception. Dans le détail, le risque auto est confronté à une réduction de l’offre en flotte et en assistance, essentiellement du fait de la dérive du coût des réparations. La branche assurance crédit est également sous forte tension, avec un retour du « Stop & Go » de certains opérateurs, une situation inédite depuis la crise financière de 2008. Les capacités dédiées des assureurs se réduisent sur ce risque.

D’autre part, dans le cadre des renouvellements des programmes dommages aux biens et pertes d’exploitation, les expositions aux événements naturels ainsi que les risques politiques, les violences politiques et le terrorisme sont marquées par une forte baisse des capacités disponibles. En revanche, le marché de la RC reste dynamique et capacitaire, à l’exception des comptes exposés au marché américain, où l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sinistres réduit l’appétit des assureurs. Bien que le nombre d’acteurs soit limité, la RC pro reste sur une bonne dynamique. En construction, les capacités sont relativement stables, mais l’appétit des assureurs se réduit, notamment en ce qui concerne la dommages-ouvrage (DO), provoquant un resserrement du marché. Enfin, le risque cyber fait une nouvelle fois face à l’érosion des capacités dédiées.

Primes, tarifs et franchises : des perspectives positives, mais incertaines

Alors qu’elle l’établissait à +10 % l’année dernière, l’Amrae prévoit une augmentation moyenne des tarifs entre 0 et 5 % selon les branches d’assurance. Elle rapporte que certains facteurs techniques particuliers peuvent entraîner des hausses de tarifs et/ou de franchises, en particulier pour les lignes exposées au changement climatique. La question de l’inflation suscite une forte attention, avec des variations notables des indices et des valeurs assurées et sa prise en compte lors de la révision des capitaux sous risques dans le cadre des renouvellements. La construction fait figure d'exception, avec une inflation toujours plus forte en France qui entraîne une hausse de 17 % des primes en capitalisation.

Par ailleurs, l’Amrae salue l’arrivée de nouveaux acteurs sur les différentes branches, ce qui contribue à favoriser la compétition et renforcer la capacité du marché.

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