Alors que les comparateurs d’assurancespeinent à décoller en France, Diane Larramendy, directrice générale de LeLynx.fr – filialetricolore du géant britannique Confused.com créée en 2010 –, revient sur lesopportunités que pourrait apporter la loi Hamon.
La loi Hamon va-t-elle vraiment dynamiser le marché de la comparaisond'assurances en ligne dans l'Hexagone ?
La loi Hamon ne sera pas une révolution, maisplutôt une évolution à moyen terme pour les intermédiaires d’assurance que sontles comparateurs. Je n’anticipe pas de bouleversement majeur du marché, mais plutôtun changement progressif du comportement des assurés. La possibilité derésilier son contrat à tout moment va accélérer la tendance à se tournerdavantage vers les comparateurs pour obtenir des informations sur les tarifs etles garanties des contrats. Mais le processus est encore long, car les Françaisont des habitudes très ancrées avec leurs compagnies. Nous avons aujourd’hui untaux de transformation de 10 à 25 %, tout à fait respectable sur le marchéfrançais, mais encore loin de celui du marché britannique par exemple.
La loi Hamon a-t-elle attiré de nouveaux assureurs sur ce marché ?
Depuis quelques mois, on a observé quecertains acteurs traditionnels se sont positionnés sur les comparateursd’assurances, comme Allianz sur LeLynx.fr par exemple. Je pense que la loiHamon y est pour quelque chose. Mais plus globalement, il y a un attraitcertain de l’ensemble des assureurs pour le canal d’acquisition internet.Certaines compagnies mettent en place des campagnes marketing, très onéreuses,de display ou des liens sponsorisés Google. C’est une bonne nouvelle,car c’est évidemment un premier pas vers les comparateurs en ligne, qui restentle canal d’acquisition le moins cher sur internet.
Avez-vous prévu un dispositif dédié pour capter une future clientèledésireuse de changement ?
Nous allons continuer nos investissements dansla communication, notamment sur internet, en TV et radio, en nous assurant queles consommateurs aient connaissance de cette nouvelle loi. Notre clientèle estaujourd’hui plutôt jeune, citadine, orientée CSP +. Evidemment, cette populationvient plus naturellement sur internet, mais nous voulons profiter de la loiHamon pour toucher une population plus large et encourager d’autres profils àvenir comparer et souscrire via les plates-formes de comparaison.
Pourquoi la comparaison d’assurances en France n’arrive-t-il pas àatteindre le niveau britannique ?
Il y a trois principaux freins audéveloppement de la souscription d’assurance via les comparateurs en ligne enFrance. Dans un premier temps, il y a un attachement historique des clients àcertaines enseignes, notamment aux mutuelles, ce qui explique que des clientspeuvent rester plusieurs années couverts auprès d'une même enseigne.Ensuite, les forts investissements publicitaires des grands assureursont accentué l’attachement des Français aux marques. Enfin, le principe de latacite reconduction des contrats est la règle en France alors que ce principen’existe pas au Royaume-Uni et qu’il a été aboli en Italie récemment. De cestrois facteurs combinés résulte la très grande différence entre lesperformances du marché français et celles du marché britannique.
Le Gema a demandé dernièrement plus de transparence concernant lescomparateurs et leurs actionnaires. Ce point est-il un frein à la souscriptionvia vos plates-formes ?
Nous respectons la loi et nous sommesévidemment ouverts à plus de transparence. La transparence est le principe mêmesur lequel est fondé le modèle du comparateur. Les liens capitalistiques queles comparateurs détiennent avec des groupes d’assurance sont déjà mentionnéssur nos sites. Cela ne me semble pas être une préoccupation majeure pour lesutilisateurs. C’est le cas aujourd'hui au Royaume-Uni où la quasi-totalité descomparateurs britanniques sont détenus par des assureurs et ce n'est pas unproblème ni pour les utilisateurs, ni pour les autres assureurs.
Comment réussir à performer aujourd'hui sur le marché tricolore ?
Il y a aujourd’hui trois acteurs majeurs surle marché de la comparaison d’assurances en France, avec des offres finalementassez peu différenciées. La nuance se fait avant tout par l’efficacitémarketing et par la notoriété du comparateur. Bien sûr, il faut offrir auxconsommateurs la meilleure comparaison possible, aussi bien sur les prix quesur les garanties. Afin de nous différencier, nous travaillons entre autres surla possibilité de comparer des offres santé destinées au TPE/PME. Ce dispositifdevrait bientôt voir le jour.