Stéphane Junique, président du groupe VYV et vice-président de la Mutualité française

« Nous souhaitons être présents sur tous les segments de la fonction publique »

Publié le 3 mars 2022 à 11h08

Juliette Lerond-Dupuy    Temps de lecture 7 minutes

Stéphane Junique, président de VYV décrypte la stratégie du groupe à horizon 2025, réaffirme ses ambitions sur le marché de la protection sociale complémentaire de la fonction publique et revient sur le scénario de « Grande Sécu ». Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans La Tribune de l'assurance de mars.

Quelles sont les branches prioritaires de votre nouveau plan stratégique VYV 2025 ?

Nous investissons de manière très forte sur la prévoyance car l’équipement des Français n’est pas au rendez-vous. Nombre de salariés ne sont pas couverts, avec des effets importants sur des personnes sans garanties. Le coût de l’imprévoyance en 2019, en France, était de 12 milliards d’euros. Au regard du vieillissement de la population, des risques liés au changement climatique, notre société n’est pas prête à répondre à ces risques émergents.

Quelles sont vos ambitions en dommages ?

La priorité du groupe est de défendre l’intérêt de chacune de ses maisons. Pour le dommage, avec la SMACL, il est important d’avoir noué un partenariat pour construire un pôle solide d’acteurs IARD. C’est la raison pour laquelle, avec MAIF, SMACL et le Groupe VYV, nous avons créé la société commune : SMACL Assurances SA, détenue à 70 % par MAIF, à 28 % par la mutuelle SMACL Assurances et à 2 % par le Groupe VYV. Cette participation est symbolique, notre activité principale n’étant pas l’IARD.

Cela ne veut pas dire que le Groupe VYV renonce à son partenariat stratégique avec la SMACL, c’est même le contraire puisqu’on proposera des couvertures dommages, mais pas en propre, à travers cette société commune.

Quelles sont vos priorités opérationnelles pour 2022 ?

En 2022, nous nous devons d’être au rendez-vous de la réforme de la PSC de la fonction publique et du développement d’offres de soins et d’accompagnement. Nous allons poursuivre notre développement dans les territoires, dans la droite ligne de 2021 avec l’adhésion de deux nouvelles unions territoriales de la Mutualité française (Limousin et Normandie) à VYV 3, l’offre de soins et d’accompagnement du groupe.

Et sur le plan marketing ?

Nous avons comme défi d’asseoir le déploiement de la marque VYV. C’est une particularité de notre plan stratégique : affirmer la marque en tant que telle, tout en laissant leur place aux marques des maisons mutuelles. Cela permettra de fédérer l’ensemble des offres, donner de la visibilité et créer davantage de synergies entre les structures de notre environnement.

Par exemple, sur nos établissements de soins, nous souhaitons que la marque puisse apparaître sur les établissements et les services. L’idée est de développer l’appartenance au groupe, sans affaiblir nos maisons. Nous portons des ambitions communes qui ont vocation à être intégrées dans chacun des projets du groupe.

Quels sont vos objectifs en matière de protection sociale complémentaire des fonctionnaires ?

L’accord interministériel signé en janvier dernier constitue un indéniable progrès social pour les fonctionnaires et agents de la fonction publique d’Etat.

Nous serons attentif à deux sujets. Il conviendra, d’une part, de compléter cette réforme par le lancement rapide des négociations sur la prévoyance car le couplage santé-prévoyance permet d’assurer une pleine protection face aux aléas du quotidien. D’autre part, nous veillerons à ce que les discussions portant sur la mise en place de la PSC dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière aboutissent aux mêmes avancées sociales pour leurs agents.

Le Groupe VYV sera au rendez-vous de cette réforme qui impactera directement ses mutuelles. Alors que la concurrence risque d’être sévère pour certaines mutuelles de la fonction publique, le Groupe VYV s’inscrira dans une stratégie d’alliance et de coopération pour conforter la position des mutuelles historiques.

Répondrez-vous aux appels d’offres des différentes fonctions publiques ?

Le Groupe VYV joue son rôle de leader sur la protection et l’accompagnement des agents publics et des fonctionnaires. Nous sommes le premier acteur de la complémentaire santé sur les fonctions publiques d’Etat à hauteur de 40 %, et à hauteur de 30 % sur la fonction publique territoriale.

Nous souhaitons être présents sur tous les segments de la fonction publique d’Etat mais aussi territoriale et hospitalière qui répondent à des besoins singuliers. Le panier de soins pour la fonction publique territoriale n’est pas au même niveau que ce qui vient d’être négocié pour les agents de l’Etat.

L’ambition du groupe est de se développer vers la fonction publique territoriale. Les collectivités territoriales ont besoin d’une couverture plus forte. Pour le secteur de la fonction hospitalière, MGEN a également vocation à se développer. Concernant les autres champs ministériels, il est important de construire avec des opérateurs affinitaires des coalitions pour faire en sorte que ces mutuelles puissent préserver la relation nouée avec leurs adhérents.

En tant que vice-président de la Mutualité française, comment réagissez-vous au récent rapport du HCAAM ?

L’Etat ne pourra pas tout faire, que ce soit pour les questions d’autonomie, de prévention, de transition épidémiologique. Je trouve donc irresponsable et économiquement non soutenable d’envisager se passer des mutuelles pour prendre en charge les soins et les besoins de protection de demain. Dans le cadre d’un dialogue constructif, nous proposons d’ores et déjà des solutions et sommes prêts à prendre des engagements.

Lesquels ?

De la même manière qu’il existe une portabilité des droits en matière de protection santé pour les salariés d’une entreprise, le Groupe VYV propose d’appliquer une portabilité pour les jeunes à partir du contrat de leurs parents, afin qu’ils soient protégés jusqu’au premier emploi. Cela éviterait une interruption de leur couverture et des inégalités d’accès aux soins pour les jeunes issus d’une classe sociale défavorisée.

Pour les plus âgés, c’est un mauvais procès que l’on fait aux acteurs complémentaires. En généralisant la complémentaire santé collective aux seules entreprises, la solidarité entre les générations, et notamment entre actifs et inactifs, a été cassée par les dispositifs publics mis en place. Ainsi, il n’y a pas de solution miracle. Soit on décide d’ouvrir un débat entre les acteurs sur la manière de recréer de la solidarité entre les générations, soit l’objectif est de redonner du pouvoir d’achat à court terme, et dans ce cas-là il faut supprimer les taxes sur les contrats santé des plus âgés, cela contribuerait à réduire de 14 % le coût de leur mutuelle. On ne peut pas demander tout et son contraire aux complémentaires.

Notre troisième engagement concerne la prévention. Nous devons faire progresser la culture de prévention et de promotion de la santé dans notre pays. L’action des mutuelles peut y contribuer, alors que les impacts sont significatifs. Par exemple, sur la prévention de la perte d’autonomie, selon la Cour des comptes : une année d’espérance de vie en bonne santé supplémentaire générerait une économie pour l’AMO de l’ordre de 1,5 milliard d’euros. Cela représente un bénéfice pour la santé des Français et pour les finances publiques. Nous proposons que 2 % des cotisations des mutuelles soient dédiées aux actions de prévention. Pour le Groupe VYV, cela représenterait plus de 100 millions d’euros annuels. Un formidable levier pour agir, en complémentarité avec l’Etat et l’assurance maladie, sur les déterminants de santé.

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