Dans un secteur en pleine mutation, où les plates-formes santé s'investissent toujours plus dans la prévention et l'accompagnement, Christian Acknin, directeur général de Santéclair, présente les résultats 2024 de l'entreprise, les priorités de développement et les objectifs pour l'année en cours. Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le numéro de septembre de La Tribune de l'assurance.
Quels sont vos résultats économiques en 2024 ?
On reste autour de 33 M€ de chiffre d’affaires, stable par rapport à 2023 (32,05 M€). Mais notre modèle n’est pas basé sur la croissance pure : on réinvestit massivement dans les services, l’innovation, les parcours de soins et la lutte contre la fraude. La fraude coûte plus d’un milliard d’euros par an. C’est inacceptable. On a besoin d’un meilleur partage d’informations entre la Sécu et les complémentaires.
Justement, sur la fraude, vous appelez à un meilleur partage d’information. Que faudrait-il changer ?
Aujourd’hui, l’Assurance maladie n’est pas obligée de nous informer des fraudes détectées. Il faut renforcer le droit, sans instrumentaliser le RGPD. Nous voulons pouvoir agir dans un cadre sécurisé et clair. Nous avons rejoint l’Agence pour la lutte contre la fraude à l’assurance (Alfa) pour renforcer notre action en la matière. Car le manque de capacité, notamment d’un point de vue légal, à lutter contre la fraude de façon coordonnée entre acteurs de l’assurance santé se répercute inévitablement sur les cotisations des assurés. Il faut un cadre juridique précis, des échanges de données mieux encadrés mais plus efficaces. En résumé : vivre avec notre époque.
Une fois que le service de prévention est mis en place dans une entreprise, constatez-vous des résultats concrets ?
La prévention, c’est du temps long. C’est une politique qui s’installe progressivement. Beaucoup en parlent, peu le font vraiment. Chez Santéclair, on a lancé notre programme en avril dernier, et déjà, la demande explose. Le service s'appuie sur un tableau de bord dynamique pour les DRH, avec un suivi sur 14 indicateurs de santé (alimentation, activité physique, sommeil, santé mentale, etc.), basés sur les recommandations de l’OMS. Cela permet de piloter la politique de prévention de façon fine. L’étude sur les attentes des Français envers leur complémentaire santé que nous avons réalisée montre qu'ils attendent aujourd’hui que leur complémentaire soit un acteur de santé, pas juste un gestionnaire de remboursements. La prévention est largement plébiscitée. Le souci, c’est qu’avec le RGPD, on ne peut pas suivre chaque assuré individuellement. On travaille avec des agrégats statistiques, mais cela suffit pour observer des tendances à l’échelle d’une entreprise.
Combien de personnes accèdent à votre plate-forme ?
Nous avons environ 3 millions de connexions par an sur MySanteclair, plus de 850 000 devis analysés, un taux de satisfaction de 97,7 % et une note moyenne de 4,62 sur 5. C’est une plate-forme centrale. Et tout cela est possible grâce à nos 50 informaticiens sur un effectif global de 350 personnes. Nous investissons 2 M€ par an pour maintenir et faire évoluer MySantéclair. C’est notre cœur d’activité qui bénéficie à plus de 10 millions de Français via nos assureurs partenaires.
Quel est votre plan de recrutements en 2025 ?
Nous recrutons régulièrement, notamment des profils ayant des compétences en informatique et en data science, ainsi que des conseillers santé (collaborateurs au contact direct des assurés qui représentent la moitié des effectifs). Le turnover est faible, inférieur à 8 %. On ne fait pas de grands plans de recrutement, mais on remplace et fait évoluer nos collaborateurs.
Quels sont vos objectifs ?
Gagner en visibilité. Santéclair est un acteur clé mais encore trop souvent méconnu. Nous venons de rejoindre l’Alfa, pour affirmer notre rôle stratégique. Notre plate-forme, nos outils, notre éthique – par exemple en lien avec notre labellisation Afnor « Engagé RSE » et notre qualité d’ « entreprise à mission » – tout cela fait de nous un acteur de référence de la santé pour le grand public comme en entreprise. Il faut juste que cela se sache davantage. Nous souhaitons également renforcer la pertinence des soins, c’est-à-dire orienter les assurés vers des soins de qualité, au bon moment, sans générer de dépenses inutiles. On veut aussi enrichir notre offre de coaching santé pour janvier 2026, notamment autour de l'activité physique. Et continuer à éduquer les assurés, notamment les seniors, sur la valeur des services inclus dans leur contrat.