Karim Natouri, co-fondateur de MutuaMea

« MutuaMea se concentre sur les risques lourds pour un niveau de primes divisé par trois »

Publié le 10 mars 2022 à 9h00

Louis Johen    Temps de lecture 4 minutes

Ancien journaliste financier, ex-directeur de la communication d’Aviva France et d’Humanis, Karim Natouri présente MutuaMea, un néo-assureur santé lancé en toute fin d’année dernière qui aborde le marché de l’individuelle sous un angle radicalement nouveau : un contrat qui se concentre sur les risques lourds en proposant d’auto-assurer les risques de fréquence par l’épargne.

Avec MutuaMea, vous proposez un modèle de complémentaire santé en dehors des clous du marché traditionnel. Comment votre contrat fonctionne-t-il ?

Comme courtiers, nous avons voulu proposer une complémentaire santé simple qui revient aux fondamentaux de l’assurance : la couverture des risques lourds qui peuvent avoir des conséquences financières importantes sur l’équilibre des budgets. À travers une garantie hospitalière élargie, nous couvrons donc les soins pré et post opératoires. C’est un spectre de couverture large sur des postes qui peuvent être très lourds en matière de dépassement d’honoraires. Et nous couvrons en plus les dépenses imageries médicales, analyses de laboratoires et auxiliaires médicaux.

Vous avez délibérément fait le choix d’exclure les risques de fréquence de votre contrat. Pourquoi ?

Nous considérons qu’assurer les risques de fréquence ne relève pas de l’assurance, mais de la gestion de trésorerie. Quand le risque devient certain, comme l’optique pour les personnes de plus de cinquante ans, ce n’est plus un risque. MutuaMea propose aux assurés d’envisager différemment leur assurance et de ne plus payer aveuglément une prime d’assurance sans se demander à quoi elle sert. Le constat est simple : l’assurance complémentaire santé est un système à fonds perdus où, sur 100 € de primes, une part de 20 à 25 % sert à payer les frais de gestion de l’assureur et une autre de 14 à 20 % est prélevée pour s’acquitter des taxes. Au mieux, 60 à 65 € sont donc réellement consacrés à la couverture du risque. C’est cher et l’assurance devient donc juste un système qui prend de l’argent à l’assuré pour lui en rendre plus tard tout juste un peu plus de la moitié…

En sortant l’optique, le dentaire, l’audioprothèse et la petite médecine de notre contrat, cela nous permet de diviser la prime par trois et de proposer à l’assuré de les financer lui-même grâce aux économies générées. Dans un marché de la santé où les primes sont de plus en plus lourdes, il suffit d’épargner l’économie réalisée sur une cotisation classique pour financer ses propres risques de fréquence et même faire un bénéfice dessus.

Comment comptez-vous développer votre concept d’épargne-santé ?

Nous lançons aujourd’hui un produit d’assurance, mais nous avons d’ores et déjà conçu toute l’architecture de ce qui pourrait être une gestion globale de l’épargne-santé de l’assuré. Alimenté par les économies que nous évoquions, ce compte disposerait d’une partie « cash » pour les dépenses courantes et d’une partie rémunérée où le surplus pourra se cumuler pour financer des frais plus lourds, voire de la dépendance au bout de quelques années.

Quel public ciblez-vous ? 

Notre contrat s’adresse d’abord à des populations qui sont capables d’épargner et nous avons un devoir de conseil très exigeant sur ce point. En matière de commercialisation, nous ne pratiquons pas l’appel sortant, nous procédons par campagnes d’emailing. Les personnes demandant des informations ou un devis ne sont rappelées que si elles demandent expressément un contact téléphonique, sinon tout se passe par mail ou directement sur notre site. C’est l’assuré qui a l’initiative, et c’est lui qui décide et fait ses choix en disposant de toute l’information nécessaire. MutuaMea s’adresse à certaines catégories de fonctionnaires mal couvertes, aux indépendants et professions libérales, ainsi qu’aux retraités qui composent pour l’instant les trois quarts de notre clientèle. Pour une raison assez simple à comprendre : lorsqu’un retraité sort du contrat collectif de son entreprise, il n’est pas rare qu’il subisse, avec le paiement à sa charge de la part employeur et les augmentations de primes annuelles des assureurs, des variations qui peuvent multiplier par trois la prime en quatre ans. C’est intenable et ces gens viennent vers nous car plus la prime est chère, plus l’économie que nous pouvons leur faire réaliser est importante.

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