« L'Ubérisation et l'économie du partage vont impacter l'assurance »

Publié le 4 juin 2015 à 8h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h35

Géraldine Bruguière-Fontenillle


A quelques jours de l’ouverture du congrès des actuaires,Christophe Eberlé revient sur les défis qui attendent les assureurs et leschangements qui se profilent pour la profession d’actuaire.

Quels sont, selonvous, les grands enjeux pour les assureurs à moyen terme ?

Les enjeux attendus par les assureurssont multiples. Il y a à la fois des enjeux prudentiels, avec l’entrée envigueur de Solvabilité II, et des défis réglementaires, avec la mise en œuvre del’ANI ou encore de la loi Hamon, qui préfigurent un bouleversement dans leséquilibres de marché et qui peuvent générer des opportunités pour certainsacteurs, historiques ou nouveaux entrants.

Sur le front financier, les assureurs sont également trèstouchés par l’environnement actuel de taux bas qui présente des risques pourleur équilibre technique en épargne et plus généralement sur leur modèleéconomique de rentabilité. Les acteursdu marché se trouvent ainsi face à un défi économique majeur qui est celui dela rentabilité déjà fortement dégradée ces dix dernières années.

Pour résumer, il est rare qu’une industrie connaisse autantde changements significatifs sur autant de domaines : le challenge est detaille !

Justement, commentfaire face à ces taux bas ?

Nous avons déjà eu l’occasion de le dire largement par lepassé mais les contrats en euros posent structurellement un problème dans cecontexte de taux bas, notamment au regard des coûts de production devenus sensiblement équivalents à la performance brute des actifs sous-jacents. La mise enplace de l’euro croissance représente une très bonne solution de fond,cependant le contexte financier actuel ne lui est pas complètement favorable.Force est de constater que la période est propice aux unités de compte. Resteà convaincre les assurés d’accepter une part de risque sur leursinvestissements avec un important travail de pédagogie etd'accompagnement des réseaux.

Pour faire simple, l'environnement de taux bas estdéfavorable à la rentabilité des assureurs et aux rendements servis auxassurés. A l'inverse, les assureurs font également face aux risques d'uneremontée trop brutale qui les exposerait à des rachats massifs de contrats etdonc à un risque de liquidité.

L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a annoncé qu’elle s’était saisie de ce sujet pourproposer une analyse initiale et détaillée puis pour envisager des solutionsd'accompagnement du marché.

Comment les assureurss’adaptent-ils à la vague du digital ?

La révolution digitale est aussi un enjeu de taille pour lemarché. Les assureurs investissent largement sur le sujet, cependant la mise enœuvre concrète des chantiers s’avère longue et complexe. Un préalable long etcoûteux consiste à transformer les systèmes d’information existants en vued’adopter les outils du digital.

Quelques initiatives intéressantes sont observées, cependantla vraie transformation digitale que nous sommes en droit d'attendre est biencelle des produits et des services.

En termes dedistribution, faut-il s’attendre à des changements importants ?

Oui, l’accélération du numérique va modifier la manière devendre les contrats d’assurance et pose la question de savoir qui, demain,commercialisera ces contrats. De nouveaux acteurs peuvent se positionner dansla relation client au détriment des réseaux de distribution actuels.

Le phénomène «d’Ubérisation» et le développement de l’économiedu partage vont impacter le secteur de l’assurance. Face à cette nouvelle donne, nous accompagnons les assureursdans le cadre d'une véritable démarche d’innovation que l'on perçoit aussiambitieuse que celle de l'informatisation dans les années soixante-dix. Évidemment, nous nous attendons aussi à voir apparaître denouveaux acteurs, fournisseurs, partenaires ou encore concurrents desassureurs.

La quatorzièmeédition du congrès des actuaires s’ouvre dans quelques jours. Comment évolue lerôle de l’actuaire dans cet environnement changeant ?

Cette année, le congrès des actuaires aura pour thèmel’actuariat au cœur des transformations. Pour accompagner au mieux les assureurs, les actuairesdoivent s’adapter aux nouvelles technologies et acquérirde nouvelles compétences. C’est dans ce contexte que l’Institut des actuairespropose désormais une formation au nouveau métier de data scientist. Le Chief DataOfficer devient, au fil de cette révolution, une direction autonome au seindes compagnies.

L’actuaire accompagnera, ou sera, le Chief Data Officer dans ces développements. Cette fonction est etsera généralement complémentaire à celle de l’actuaire qui restera au cœur desenjeux assurantiels et garant des équilibres techniques.

Quel est le biland’Optimind Winter pour l’année 2014 ?

Après deux ans de consolidation suite à l'acquisition deWinter et le retour à une croissance soutenue, nous clôturons au 31 mars 2015une année en croissance de 30%. 2014 a été l’année de la création de deux nouveaux métiers, finance & performance et digital, pour compléter notre offre de services etainsi accompagner nos clients dans les enjeux présents et à venir. Nous avons également ouvert notre premier bureau àl’international au Portugal. Aujourd’hui, notre chiffre d’affaires s’élève à 27 M€ etnous visons, pour 2016, une croissance de 18 %.

Et quels sont vosprojets ?

Comme nous l’avons vu, les problématiques du secteur sontnombreuses et nos possibilités d’accompagnement le sont aussi. Au-delà dessecteurs historiques, nous développons le risk management auprès du secteurbancaire et des grands industriels. Nous travaillons également sur une offrestratégique, plus transverse, qui permettra de répondre aux besoins desassureurs de façon plus globale et non plus seulement métier par métier. Enparallèle, notre démarche de développement européen reste d’actualité, en fonctiondes opportunités qui se présenteront.

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