Pierre Bessé, président-directeur général de Bessé, dresse le bilan 2021 du groupe de courtage, décline sa stratégie et analyse les tendances du marché des risques d’entreprise sur lequel il évolue.
Quel bilan faites-vous de 2021 ?
Le groupe s’est fixé un objectif de croissance organique moyen long terme de 5% par an. Sur la base d’un chiffre d’affaires 2020 de 122 M€, nous remplissons cet objectif en 2021 et d’ores et déjà pour l’exercice en cours. Les craintes que nous avions en début d’année dernière vis-à-vis de la pandémie ne se sont pas matérialisées grâce au développement vertueux du groupe et aux enjeux de gestion des risques qui sont désormais au cœur des stratégies des entreprises.
Qu’est-ce qu’un développement vertueux pour un courtier conseil comme Bessé ?
Bessé n’est pas un courtier généraliste actif sur tous les segments du risque d’entreprise ; nous basons notre modèle de développement sur des écosystèmes et des filières métiers dans lesquels nous sommes spécialisés. Notre priorité est de fournir un service à forte valeur ajoutée, c’est pour cela que Bessé n’est pas partout mais bien sur des spécialités comme l’agroalimentaire, le segment énergie, l’économie bleue, l’immobilier ou encore la mobilité…
Voilà dix ans que notre département EMR (énergie marine renouvelable) travaille sur les risques propres de cette industrie, à l’époque embryonnaire. L’EMR monte en puissance actuellement et Bessé récolte les fruits de ses investissements passés. Concrètement, nous sommes identifiés comme expert du sujet et sommes systématiquement interrogés en cas de consultation du marché d’assurance. C’est ce que j’appelle un développement vertueux et c’est valable pour tous les secteurs que nous travaillons.
Par exemple ?
L’industrie agroalimentaire est une des spécialités du groupe depuis de nombreuses années, avec les principaux fleurons français du secteur en portefeuille. Depuis le début, nous n’avons cessé d’approfondir la gestion des risques de ce secteur et d’innover au service de nos entreprises clientes. Parfois le succès est au rendez-vous et parfois il ne l’est pas, c’est l’engagement de long terme qui importe. Nous avons beaucoup travaillé par le passé la gestion des risques en amont de la filière agroalimentaire, notamment avec les coopératives, sans rencontrer le succès attendu. Au service de la même filière, nous développons depuis deux ans maintenant des solutions d’assurance paramétriques qui génèrent déjà de belles affaires pour Bessé.
Qu’en est-il du risque cyber actuellement ?
Depuis bientôt une décennie, nous évangélisons les entreprises pour qu’elles gèrent activement leur risque cyber. Au départ, tous les risk managers n’étaient pas convaincus et seules de rares entreprises s’assuraient. Plus récemment, le risque est devenu prégnant et l’assurance davantage systématisée. Le revirement tarifaire opéré par les assureurs, trop violent, est venu gripper le dispositif assurantiel. Toutefois, plus personne ne prend le risque cyber à la légère et je reste persuadé que les entreprises ne vont pas s’arrêter de s’assurer du jour au lendemain. Là encore Bessé s’inscrit dans le temps long.
De fait, et parce que les conditions d’assurance sont devenues draconiennes ces dix-huit derniers mois, nous travaillons beaucoup avec les gestionnaires de risques sur la prévention et le rating cyber des entreprises. En attendant que le marché de l’assurance cyber ne murisse et se stabilise, nous travaillons à l’amélioration du risque de nos clients. C’est avec cette volonté que nous avons par exemple noué un partenariat avec Almond en prévention cyber et avec Bureau Veritas dans le secteur maritime.
Comment Bessé fait-il face à la concurrence du courtage global ?
En déclinant notre stratégie de long terme. Lorsqu’une entreprise confie ses risques à Bessé, elle reste avec nous en moyenne vingt ans ; personne sur le marché du courtage n’est capable de nouer une relation partenariale d’aussi long terme, surtout pas le courtage global. En outre, depuis que les fonds d’investissement se sont pris de passion pour le courtage hexagonal, Bessé demeure très isolé en tant que courtier conseil indépendant à capital familial. Ce n’est pas anecdotique dans le sens où bon nombre d’entreprises françaises entendent confier leurs risques à un courtier français.