À l’étroit dans le carcan réglementaire imposé par les pouvoirs publics, assureurs et industriels de la santé ont partagé, lors d’un colloque, leur volonté de coopérer pour obtenir plus de marge de manœuvre.
« Certes, nous sommes les financeurs du système mais pas seulement », répète inlassablement Florence Lustman, présidente de France assureurs. À ce titre, elle estime que les assureurs et acteurs de santé devraient être davantage inclus dans les politiques de santé publiques. Provoquant leur chance, France assureurs et la Fédération française des industries de santé (FEFIS) réunissaient, jeudi 24 mars, les acteurs privés du secteur au Conseil économique, social et environnemental (Cese), lors d’un colloque « Santé, quel modèle pour demain ». Avec l’objectif de s’accorder sur des perspectives communes, comme cela a été le cas au plus fort de la pandémie, qui a vu émerger de nombreuses initiatives privées. Dont Air liquide qui a adapté son activité de fournisseur d’oxygène « pour désengorger les hôpitaux ». Ou Log santé, logisticien de la santé, qui a mis à profit son expertise de la distribution pour acheminer les vaccins. « Tous les vaccins sont passés au moins une fois par nos entrepôts », lance Jean-François Fusco, son président. La crise derrière eux, les acteurs redoutent de se voir à nouveau relégués sur le banc de touche. « Au 16 mars 2022, nous avons compté 380 décrets publiés. Les pouvoirs publics n’ont toujours aucune confiance en nous », regrette Adrien Couret, directeur général d’Aéma groupe, partageant l’avis que les assureurs restent cantonnés au rôle de « payeur aveugle ». Selon lui, l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) est loin de suffire. « On nous donne des objectifs financiers mais à part ça, aucune grande vision de santé à long terme », poursuit-il.
Au-delà des organismes complémentaires, les autres acteurs de la santé partagent le même besoin urgent de « décloisonnement » de leurs activités et appellent de leurs vœux une simplification réglementaire pour retrouver davantage de « souplesse ». « Il est très compliqué d’expérimenter aujourd’hui. Il faut nous donner plus de marge de manœuvre, et surtout libérer les données de santé », pointe David Giblas, directeur général délégué de Malakoff Humanis. Adrien Couret abonde sur l’importance de développer le numérique en santé. Les assureurs sont « assis sur une montagne d’informations qui devrait permettre d’aller plus vite ; les données de santé doivent s’ouvrir, c’est aujourd’hui le principal frein à l’innovation ». Selon eux, c’est sur cette base que le « modèle de demain » pourra se construire.
De manière générale, les assureurs sont depuis toujours « des passeurs d’innovation, pour se différencier. Nous étions les premiers sur la téléconsultation », rappelle Florence Lustman. Diane Deperrois, directrice générale Axa santé collective, rappelle quant à elle que l’innovation a permis de nombreux accomplissements, comme le lancement du service de conseil médical « Angel » d’Axa Partners. Elle appelle au développement de l’IA et propose de s’inspirer des modèles déjà existants en Asie.