Philippe Gravier, président du Groupe Kereis

« Kereis croit au potentiel de l’open insurance »

Publié le 5 décembre 2024 à 9h00

Mehdi ElAouni    Temps de lecture 6 minutes

À travers une stratégie combinant croissance organique, acquisitions ciblées et innovations technologiques, le groupe de courtage renforce ses positions. Philippe Gravier, président de Kereis, dresse le bilan d’un exercice 2024 de croissance et expose ses perspectives de développement. Alors que la directive FIDA polarise les débats, le groupe se montre résolument favorable à l'open insurance. Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans le numéro 307 daté de décembre de La Tribune de l’assurance.

Quel bilan faites-vous de l’activité 2024  de Kereis ?

L’année 2024 a été marquée par des développements qui nous ont permis de renforcer nos savoir-faire et nos offres sur nos principaux canaux de distribution. Après les acquisitions de Cegema et Novelia, nous avons regroupé toutes les filiales de courtage grossiste du groupe au sein de l’entité Kereis Solutions. Cette activité présente une croissance des affaires nouvelles à deux chiffres pour atteindre cette année 130 M€ de CA, contre 5 M€ en 2019. À ce jour, nous collaborons avec 5 000 courtiers actifs. Notre pôle est présent sur toute la gamme des assurances des particuliers, incluant la santé et la prévoyance individuelle, les garanties obsèques, l’emprunteur mais aussi les risques dommages en habitation et assurance automobile. Kereis Solutions dispose également d’une offre TNS en santé-prévoyance comme en IARD.

Le courtage direct pour les entreprises et les TNS, avec notamment Kereis Expertises, s’est renforcé cette année grâce à cinq acquisitions, dont les courtiers Asda et Conseils patrimoine services. Cette nouvelle branche d’activité, qui propose des solutions en santé et prévoyance collective et depuis peu en assurance dommages, atteindra en 2024 un chiffre d’affaires pro forma de 50 M€, en France et en Belgique.

Enfin, grâce notamment à Kereis Technologies et Minalea, le groupe a réalisé un pivot important avec sa plate-forme technologique et SaaS à destination des acteurs de l’assurance, du crédit, de la prévoyance et de l’immobilier. L’activité SaaS représentera 17 M€ de chiffre d’affaires en 2024. Kereis, qui emploie 1 700 salariés, est aujourd’hui un acteur de référence du courtage d’assurance de personnes, avec une plate-forme B2B proposant des solutions en distribution, gestion, technologies et conseil. Nous sommes présents dans le secteur de la santé, de la prévoyance individuelle et collective, en assurances dommages, et nous gérerons 800 M€ d’encours en épargne à la fin de cette année. L’an dernier, le groupe Kereis a généré 400 M€ de revenus pro forma, avec 87 % de son activité en France et 13 % à l’international.

Que représente Kereis Expertises, votre activité de courtier direct d’entreprises ?

La distribution directe en protection sociale et gestion patrimoniale pour les TNS et les entreprises est une activité que nous avons lancée fin 2021. Elle compte pour 12 % de l’activité du groupe. Notre ambition est que cette ligne d’activité génère, en 2025, 80 M€ de chiffre d’affaires.

Après avoir multiplié les acquisitions, quelle est votre stratégie de croissance externe ?

Le groupe Kereis continuera d’adopter une stratégie d’acquisitions ciblées, même si le cœur de notre stratégie demeure la croissance organique. Au cours des trois dernières années, nous avons réalisé 23 acquisitions. En 2025, nos priorités de croissance externe portent sur le courtage direct aux entreprises. Dans ce secteur, cette année, nous avons réalisé cinq acquisitions, dont celle d’un cabinet de 2 M€ de revenus situé dans le Var récemment. Cette acquisition renforce notre présence dans le Sud de la France, où nous avons ouvert une direction régionale après l’achat d’Aeco l’an passé.

L’adoption par l’UE de la directive FIDA (Financial Data Access) constitue-t-elle un risque pour Kereis ?

Au contraire, le groupe croit au potentiel de l’open insurance, y compris sur le marché français et en dépit des réticences compréhensibles de nombreux assureurs. Inspirée par l’open banking, cette approche permettrait aux clients de partager leurs données d’assurance avec des tiers de confiance pour bénéficier d’un conseil plus personnalisé. L’open insurance répond aux attentes croissantes des clients, notamment des jeunes, pour des services simples et accessibles sur mobile. Bien que Kereis valorise le conseil physique, nous anticipons aussi l’essor du conseil digital, particulièrement via des solutions de conseil personnalisées basées sur les données individuelles. À terme, le développement de l’open insurance est également susceptible de renforcer la digitalisation du secteur. Les équipes IA de Kereis ont d’ailleurs pu illustrer des cas d’usage, comme l’aide automatisée au conseil et la comparaison de garanties, lors de notre audition en septembre dernier au European Forum for Innovation Facilitators de l’Autorité bancaire européenne.

Quels sont vos domaines d’activité en Europe et vos ambitions de développement ? 

Nous avons l’ambition de nous développer à l’échelle européenne, mais uniquement dans nos domaines d’expertise, comme la prévoyance et le courtage à destination des entreprises et des TNS. Dans cette optique, nous avons déjà réalisé deux acquisitions à l’international, notamment en Belgique, où notre filiale dépasse désormais 20 M€ de CA. Ces croissances externes s’inscrivent dans une démarche disciplinée : nous privilégions les projets qui correspondent à notre cœur de métier et pour lesquels nous avons une forte conviction quant à notre capacité d’intégration au sein de notre plate-forme.

Quelle est votre position vis-à-vis du précompte/escompte ? 

Nous sommes d’accord avec la recommandation de France assureurs, La Mutualité française et le CTIP concernant l'encadrement du précompte/escompte. Nous pensons que cette pratique doit être utilisée de manière responsable et encadrée, et en respectant les bonnes pratiques de marché. Bien que cela reste un dispositif de commissionnement minoritaire chez Kereis, il peut trouver sa place parmi d'autres modes de rémunération, à condition de s’inscrire dans des partenariats durables et de préserver l’intérêt des clients sur le long terme. Notre stratégie repose avant tout sur la construction de relations solides et pérennes avec nos partenaires distributeurs. Cela dit, il est clair que les portefeuilles en santé individuelle ont une duration plus courte et des taux de chute plus élevés qu’en prévoyance. Malgré ce fait de marché, notre approche privilégie toujours une vision de développement à long terme de nos partenariats avec les courtiers, en mettant en place des systèmes de rémunération stables dans la durée.

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