Christophe Gaudron, directeur général de Guy Carpenter France

« Les cédantes misent sur la concurrence entre réassureurs pour rééquilibrer les négociations »

Publié le 24 octobre 2024 à 9h00

Mehdi ElAouni    Temps de lecture 4 minutes

Christophe Gaudron, DG de Guy Carpenter France, partage son bilan et son analyse des enjeux actuels du marché de la (ré)assurance. Il fait le point sur la campagne de renouvellements et l’évolution des pratiques, notamment le rôle croissant des solutions structurées et des captives.

Quel bilan faites-vous des activités de Guy Carpenter France que vous dirigez depuis deux ans ?

Cela fait effectivement deux ans que je suis directeur général, mais je suis dans l’entreprise depuis quatorze ans, ayant occupé auparavant les postes de directeur commercial et directeur général adjoint, avec déjà une forte influence sur l’entreprise. Depuis ma prise de fonction, nous avons continué à nous développer sur tous les segments de l’assurance, qu’il s’agisse de la vie, des mutuelles, des bancassureurs ou des assureurs sociétés anonymes. Nous avons notamment émis 4 des 5 Cat Bonds en France l’année dernière et réalisé la plupart des traités Mass Lapse. Nous enregistrons une croissance moyenne de 10% par an depuis six ou sept ans, et notre équipe est passée de 35 à 50 personnes depuis la Covid-19. Le développement est donc positif et nous en sommes satisfaits.

Comment se présentent les renouvellements de réassurance ?

Globalement, le marché de la réassurance a connu un fort redressement au cours des deux dernières années. Les effets sont visibles à la fois en termes de volatilité et de prix. Le premier semestre 2024 a été marqué par un montant de sinistres record, soit deux fois la moyenne des douze dernières années. Une grande partie de la sinistralité reste à la charge des assureurs, assumant 85 % des 60 Md€ de sinistres [événements naturels de grande ampleur à travers le monde, NDLR]. Les réassureurs, qui ont obtenu de bons résultats avec des return on equity historiques supérieurs à 20 %, ont des ambitions de croissance. Ils cherchent forcément à préserver leur marge technique, d’autant plus qu’il n’y a pas de nouveaux réassureurs. Dans ce contexte, les cédantes comptent sur la concurrence entre les réassureurs existants pour rééquilibrer les négociations, avec un partage plus équilibré du coût des sinistres et une réduction des prix.

Comment réagissent les assureurs aux évolutions des conditions des traités ?

Les assureurs évoluent sur des cycles différents. Ceux couvrant les risques industriels avaient déjà augmenté leurs prix et franchises avant le redressement des conditions de réassurance, ce qui leur a permis de mieux absorber ces nouvelles conditions. En revanche, pour les assureurs des particuliers, la situation est différente. Ils étaient en bas de cycle et, en raison des contraintes de pouvoir d’achat de leurs clients, ils n'ont pas pu augmenter leurs tarifs aussi rapidement. Cela rend plus difficile et plus long leur ajustement aux nouvelles exigences de la réassurance.

Quelle place pour la réassurance structurée dans ce contexte ?

Nous travaillons depuis longtemps sur des solutions structurées, mais elles sont aujourd’hui beaucoup plus mises en avant en raison de l’augmentation des franchises par les réassureurs. Cette hausse rend la volatilité que les assureurs doivent absorber beaucoup plus difficile à gérer. Les solutions structurées permettent de trouver de nouvelles capacités pour couvrir cette volatilité de manière différente, souvent sur des périodes de trois à cinq ans, plutôt qu’annuellement. Quelques acteurs spécialisés apportent déjà ces solutions au marché. L’autre approche pour gérer cette volatilité consiste à utiliser des captives de réassurance.

Pour quelle raison les assureurs créent-ils des captives ?

Les captives sont souvent créées pour gérer la volatilité liée aux risques naturels. Une fois en place, elles peuvent couvrir d’autres types de risques, mais leur motivation première reste la gestion des risques comme les tempêtes, la grêle ou la subsidence, surtout avec l’augmentation des franchises en réassurance. Ce modèle, notamment développé au Luxembourg, est bien établi, avec des captives en place depuis vingt ans pour certains de nos clients. Face à l’augmentation des catastrophes naturelles, de nouveaux assureurs voient dans les captives un outil efficace pour mieux gérer les risques qui restent dans leur bilan.

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