Reportage

Le tour du monde de MACSF

Publié le 14 décembre 2020 à 8h00

Geneviève Allaire

Quelques jours avant le départ du Vendée Globe, Isabelle Joschke se préparait à parcourir les océans. Un sacré défi pour la skippeuse du voilier MACSF, petit bout de femme d’1,60 mètre et de 50 kg.

Geneviève Allaire
journaliste

« J’ai hâte de prendre la mer, même si le départ me fait un peu peur », reconnaît la jeune femme de 43 ans née d’un père allemand et d’une mère française. Embarquée pour des études de lettres après le bac, rien ne prédisposait Isabelle Joschke à devenir skipper mais le hasard des rencontres l’entraîne sur un bateau et c’est le déclic. Après avoir obtenu sa maîtrise de lettres, elle renonce à la voie littéraire pour se donner à fond à la voile. Depuis 2005, elle baroude sur les mers. Entre autres, elle est arrivée à la huitième position, avec son co-équipier Pierre Brasseur en 2017, lors de la transat Jacques-Vabre, et s’est positionnée à la dixième place lors de la Transat AG2R de 2018, courue en double avec Justine Mettraux. En 2018, elle s’est lancée sur la Route du Rhum, course qu’un dématage l’a contrainte à abandonner.

Certes, cette « puce » ne peut rivaliser par la force avec ses pairs masculins. Pour autant, elle exploite d’autres armes : « S’ils ne sont pas forcément visibles, les femmes ont des atouts tout aussi puissants que ceux des hommes sur lesquels il leur faut capitaliser », confie-t-elle. Et c’est bien ce qu’elle compte faire pour parcourir cette route mythique de plus de 40 000 km passant par le cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud), le cap Leeuwin (sud-ouest de l’Australie) et le cap Horn (Chili). C’est l’une des six femmes à prendre part au Vendée Globe cette année, aux côtés de 27 hommes.

33 monocoques

En cette fin octobre, 33 monocoques, tous plus majestueux les uns que les autres, sont alignés à quai aux Sables-d’Olonne, dans l’attente du départ du Vendée Globe, cette course autour du monde en solitaire et sans escale organisée tous les quatre ans depuis 1989 et reconnue comme l’une des plus difficiles. Ce sont tous des Imocas, seule catégorie de voiliers habilitée à participer à la course légendaire. Mesurant 60 pieds (18,288 mètres) et astreints à des normes de stabilité, la réglementation les autorise à s’équiper de toute une série d’innovations destinées à améliorer leur performance (double-safrans, mât-aile, foils, etc.). D’un bateau à l’autre, le coût de la construction est extrêmement variable et s’étale de 200 000 € à 8 M€ pour cette édition 2020-2021. Construit en 2007, l’Imoca MACSF a déjà effectué deux fois le tour de la planète. Barré par Yann Eliès, le bateau était notamment arrivé en cinquième position en 2017. Alain Gautier, à travers son entreprise Lanic Sport Team, en est le propriétaire, tout comme il est le team manager d’Isabelle Joschke. Lorsqu’il prépare son « poulain » à l’épreuve, il sait de quoi il parle puisqu’il a bouclé le Vendée Globe 1992-1993 en cent dix jours. « Depuis, les améliorations techniques apportées aux bateaux ont considérablement renforcé leur potentiel. Lors du dernier Vendée Globe, le record de la traversée a été de soixante-quatorze jours », explique Alain Gautier. Ainsi, le bateau a été équipé de foils, des petits ailerons qui permettent de gagner cinq nœuds de vitesse au maximum.

Engagée dans la voile depuis quarante ans, la MACSF a choisi de sponsoriser ce projet et d’accompagner Isabelle Joschke à travers les mers du globe pendant trois ans, de 2019 à 2021. Le groupe mutualiste avait à cœur que le skipper soit une femme (65 % de son sociétariat). Cette opération de sponsoring est aussi l’occasion pour la mutuelle de mettre en avant les valeurs qu’elle partage avec ce sport à hauts risques : l’engagement, la ténacité, le partage et la combativité. Comme le souligne éric Mollard, directeur de la communication de la MACSF : « Au travers de ce sponsoring à effet miroir, la MACSF montre l’esprit solidaire et humaniste du mutualisme, qui constitue l’ADN de notre groupe. »

Jusqu’au bout

Les objectifs d’Isabelle Joschke pour ce périple au long cours ? Avant tout, faire la course de bout en bout. En effet, seulement la moitié des participants boucle l’épreuve. En outre, elle aimerait figurer parmi les dix premiers. Côté géographie, elle a une envie mordante de découvrir les mers du Sud et de franchir le cap Horn. Ce qui lui manquera le plus sur le bateau ? « La chaleur, le silence et l’immobilité », liste-t-elle. Dans ses préparatifs, elle est accompagnée par une équipe de six personnes dont un préparateur mental. Pas de confort sur l’Imoca.

L’intérieur consiste en une grande cavité en carbone où est entreposé un réchaud. De toute façon, la skippeuse a tellement à faire qu’elle ne pourra dormir que trois à cinq heures par nuit à bord. L’eau douce provient d’un désalinisateur et concernant le ravitaillement, la navigatrice emporte quelques bons petits plats qu’une entreprise de Lorient lui a déshydratés. Trois téléphones lui permettront de prévenir la direction de la course en cas d’urgence médicale ou d’avarie, d’échanger avec d’autres skippers, de parler à ses proches ou de répondre à des interviews. Très coûteux, leur usage restera exceptionnel. Des fichiers Grib la tiendront informée de la météo marine. « Je me sens tellement à l’aise sur le bateau que je ne ressens pas la solitude, dit Isabelle Joschke. En cas de difficulté, je parle toute seule pour m’encourager. » Une sorte de confinement au grand large.

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