« Le rapprochement des plates-formes de santé est inéluctable »

Publié le 16 octobre 2014 à 8h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h36

Romain Beausoleil


Fin connaisseur de l’assurance santé et desréseaux de soins, Michel Charton, président du conseil de surveillance d’Itelis,estime que les partenariats entre les plates-formes de santé sont devenusinévitables.

Quel est le positionnement d’Itelis ?

Itelisest une plate-forme de services dont l’objectif est d’améliorer l’accès auxsoins des assurés à des prix compétitifs. La société s’est positionnée, dès sacréation en 2002, sur l’accompagnement social des assurés. A l’époque, lemétier de la maîtrise des risques était secondaire. Plus précisément, cetteactivité ne représentait que 10 % des prestations. Aujourd’hui, le ratio s’esttotalement inversé : nous réalisons 90 % de notre activité dans le domainede la gestion du risque santé. Mais le modèle est resté inchangé. A savoirproposer à nos actionnaires (Axa et Humanis) et aux entreprises du marché del’assurance (assureurs, mutuelles, institutions de prévoyance, courtiers) desservices de qualité en matière de santé individuelle et collective.

Quels sont les chiffres clés de votreactivité ?

Itelis gère aujourd’hui plus de 700 000 dossiers par ancontre 20 000 en 2009. Cette évolution s’est faite par de très importantsgains de productivité, portés par une stratégie de dématérialisation maximale,dans une logique d’interopérabilité la plus large possible. Sur la mêmepériode, le chiffre d’affaires est passé de 1,5 M€ à 7 M€. Les 70 collaborateurs du groupe sont au service de 6 millions d’assurés.

On parle souvent du seuil des 10 millionsd’assurés pour qu’une plate-forme santé soit efficace. S’agit-il d’un objectifpour Itelis ?

Vousavez raison. Dans notre métier, le caractère industriel revêt un caractère trèsimportant. Le seuil des 10 millions d’assurés est en effet communément acceptépar la profession. Notre objectif est donc d’atteindre rapidement ce chiffre,car cette taille critique permettra de mieux négocier avec les professionnelsde santé et nous donnera des capacités supplémentaires d’autofinancement. Avantd’y parvenir, je vous rappelle que notre progression a été très rapide depuis cinqans avec le gain de près de 300 000 nouveaux assurés par an, horsbénéficiaires apportés par nos actionnaires.

Mais cherchez-vous aujourd’hui de nouveauxpartenaires ?

Laréponse est oui ! Notre volonté est de continuer à grandir afin deréaliser plus facilement des économies d’échelle et améliorer ainsi sans cessela qualité de nos prestations. Il est encore trop pour annoncer l’arrivée denouveaux partenaires. Mais je peux déjà vous dire que nous regardons du côtédes mutuelles de la fonction publique dont certaines ont fait part de leurintérêt pour nos services. Certains opérateurs sont également séduits par notrecapacité à les accueillir très facilement grâce à nos outils construits pourréduire au maximum les coûts de connexion informatique, nous rapprochant ainsi d’unelogique de plug and play.

Pourriez-vous aussi vous rapprocher d’uneautre plate-forme ?

Je suis intimement convaincu que le rapprochement entre lesplates-formes santé est devenu inéluctable. Pas au sens d’un rapprochementcapitalistique, mais au sens de l’association de moyens.

C’est-à-dire ?

Il esttout à fait envisageable que deux enseignes aujourd’hui concurrentess’associent dans un schéma partenarial pour mettre en commun un certain nombrede fonctions comme les achats de prestations de soins, ou laR&Dsur denouveaux domaines, sans pour autant devoir fusionner les systèmes d’information,processus trop complexe dans la phase de développement actuel de ce métier.L’idée étant d’être plusieurs à porter les investissements et les innovations.

Quels sont vos autres grandschantiers ?

L’un denos axes de travail consiste à améliorer le taux d’orientation des clients desassureurs vers les professionnels de santé partenaires. Plus précisément, noussouhaitons passer d’ici un an d’un taux d’orientation de 50 à 70%. Parailleurs, nous finalisons la recomposition de notre réseau d’opticienspartenaires tant d’un point de vue qualitatif, avec une baisse de prix pour lesassurés et une garantie sur la qualité des verres (accord avec les verrierssigné en juin 2014), que quantitatif, en passant de 2 500 opticiensréférencés à environ 3 200. Le nouveau dispositif sera opérationnel au 1er janvier 2015. L’étape suivante consistera à effectuer le même travail auprèsdes chirurgiens-dentistes (actuellement 2 800) puis, à plus long terme,auprès des ostéopathes. Concernant les audioprothésistes (aujourd’hui au nombrede 600), une renégociation des tarifs dans le réseau est en cours. Enfin, nousallons sortir très prochainement une nouvelle version d’Applitelis, avecnotamment des pages spécifiques à l’hospitalisation.

Et sur l’hôpital ? Avez-vous desprojets ?

Ils’agit, comme vous le savez, d’un poste lourd dans les dépenses de santé des Français.Pour les assureurs complémentaires, il est devenu le deuxième précisément,derrière la pharmacie. Nous sommes par conséquent très attentifs à ce sujet. Etsi les pratiques du monde médical ont fortement évolué ces dernières années,force est de reconnaître que le libellé des garanties des assureurs n’a, lui,pas beaucoup bougé. Dans ces conditions, il est impératif de se poser lesbonnes questions. Nos assureurs partenaires l’ont parfaitement compris. Raisonpour laquelle nous avons commencé à travailler avec eux sur cette thématique.Il est encore trop tôt pour vous donner le fruit de nos premières réflexions,mais compte tenu des particularités du monde hospitalier, il semble évident quela solution ne pourra pas être celle d’un réseau de soins. Il faudra êtreextrêmement innovant en termes de services et savoir utiliser d’autresmodalités de gestion du risque.

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