Éric Le Baron, directeur général de Swiss Life assurance & patrimoine

« Le non-coté, poussé par Bercy, s’applique mal au grand public car complexe »

Publié le 24 août 2023 à 9h00

Juliette Lerond-Dupuy    Temps de lecture 4 minutes

Au cœur d’une actualité épargne riche, Éric Le Baron rapporte le point de vue de Swiss Life sur l’impasse de la Retail Investment Strategy (RIS), la difficulté que représente le benchmark des produits financiers prévu par l’ACPR, et le fléchage de l'épargne des Français vers le non-coté dans le cadre de la loi « industrie verte ».

La RIS vous inquiète-t-elle ?

Il y a eu des échanges avec la Commission européenne mais il n’y a pas d’alignement entre les différents acteurs. Pour ce qui est de la France, cette réforme est entre parenthèses. Lorsqu’on parle de distribution d’épargne et d’assurance vie en Europe, on compare des choses qui ne sont pas comparables. Certains ne font que du courtage, d’autres ont une multitude de réseaux de distribution. Avant de mettre en place ce genre de réforme, il faut se pencher sur les particularités de chaque pays.

Que pensez-vous de la rémunération à l’honoraire ?

Nous pourrions distribuer et vendre le conseil sous forme d’honoraires comme dans certains pays mais cela voudrait dire que l’on ne pratique que du courtage. De plus, que le client paye par l’intermédiaire de l’assureur ou directement, cela ne change pas grand-chose. La Commission européenne se préoccupe de la transparence de la distribution mais nous avons déjà nombre de dispositifs qui vont en ce sens et des documents bien faits et transparents à la fois sur les frais et les rétrocessions de commission.

Pensez-vous que le niveau de transparence actuel est suffisant ?

Nous sommes sensibles aux enjeux de transparence entre rendement et frais des unités de compte puisque nous sommes un gros distributeur d’UC avec une offre en architecture ouverte. France assureurs s’est engagé à prendre des mesures, et l’ACPR s’est penché sur la question pour émettre une recommandation. Cela pourrait se présenter sous forme de sélection ou à l’inverse du déréférencement de certaines UC. Sur ce sujet, il y a un alignement d’intérêt et nous sommes demandeurs d’un accord de Place.

Où en sont les réflexions ?

Il faut réfléchir aux bons critères de désélection mais c’est assez compliqué à mettre en place. Des UC peuvent avoir sous-performé certaines années pour des raisons indépendantes de la qualité du gérant. À l’inverse, il faudra être vigilant dans le cas où des options, qui ont été prises à des périodes non favorables, conduisent le gérant à afficher de mauvaises performances.

Le projet de loi « industrie verte » va-t-il dans le bon sens ?

Le projet, porté par Bruno Le Maire, prévoit plusieurs mesures pour l’épargne, notamment de proposer dans les contrats d’assurance vie et PER une part minimale de non-coté. Je ne comprends pas cet intérêt soudain. Le non-coté est plutôt réservé à des sachants, des professionnels ou à une clientèle fortunée. Cela s’applique mal au grand public car c’est une classe d’actifs complexe faible en liquidité. Si ce véhicule doit être imposé aux Français, la question de la liquidité en cas de rachat doit être posée mais pour l’heure, Swiss Life n’y est pas favorable. De manière générale, le non-coté est un support dont tout le monde parle mais qui en pratique est très peu vendu. Swiss Life en propose mais cela représente une part anecdotique de notre collecte.

Quels effets la réforme des retraites aura-t-elle sur Swiss Life ?

En prévoyance, le décalage de l’âge de départ à la retraite aura un impact technique, c’est sûr. Toutefois, la hausse des taux sera bénéfique pour nos provisionnements et devrait faire diminuer nos engagements. Au-delà des aspects techniques, le vrai effet concerne le marché de la retraite.

Comment se porte le marché de la retraite supplémentaire ?

Il y a eu un fort démarrage grâce à la loi Pacte. Les transferts désormais terminés, nous rentrons dans un rythme de croisière. La sortie en capital possible avec les PER a permis de banaliser la retraite supplémentaire, de la faire rentrer dans les mœurs, ce qui est une bonne nouvelle pour Swiss Life. Nous avons des réseaux spécialisés et proposons un dispositif complet, un PERin, un PERob ainsi qu’un Perco lancé fin 2021 avec Natixis, qui commence à décoller.

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