Pour la première fois depuis 2016, le Lloyd’s, la place de marché londonienne, a annoncé un retour au bénéfice avant impôt à hauteur de 2,72 Md€ (2,5 milliards de livres). Le résultat du plan de redressement en cours pour le marché de Londres : discipline de souscription voire fermeture de guichets et hausse des taux depuis trois ans. Tous les syndicats ont dû identifier les 10 % d’assurés les moins performants au sein de leur portefeuille et présenter un plan pour ramener leur portefeuille à la profitabilité. « Mais le chantier n’est pas achevé », a précisé John Neal, directeur général du Lloyd’s, lors de la présentation des résultats annuels 2019. Le ratio combiné de la place de marché, qui avait atteint jusqu’à 114 % en 2017, est revenu à 102,1 % (-2,4 points par rapport à 2018) sans toutefois passer sous la barre des 100 %.

Sur le plan financier, les ressources nettes du Lloyd’s sont passées à 33,25 Md€ (30,6 milliards de livres), en hausse de 8,6 % pour un ratio de solvabilité central de 238 %. Au 19 mars, le ratio de solvabilité était encore de 205 %.

Inquiétudes croissantes

Un bilan encourageant alors que le Covid-19 devrait impacter le Lloyd’s sur le plan financier comme opérationnel. D’abord sur le plan financier en raison de la volatilité du marché et de la baisse des taux d’intérêt amenée à se prolonger. Fitch a révisé ses perspectives pour le marché de Londres afin de prendre en compte les inquiétudes croissantes concernant la perturbation du Covid-19 et les effets associés sur la qualité de crédit des assureurs du marché de Londres. « Les portefeuilles d’obligation des assureurs du marché de Londres sont pour la plupart très bien notés mais des déclassements généralisés pourraient affaiblir les ratios de capital », a noté Fitch.

Sur le plan opérationnel, ensuite, les dirigeants du Lloyd’s annonceront les premières répercussions de la pandémie début mai sachant que le marché a d’ores et déjà demandé à ses quatre-vingt syndicats de fournir les premières estimations de pertes potentielles.

Sur le plan de la couverture des risques, quatorze points de vigilance ont été listés. « Il y aura forcément des sinistres en pertes d’exploitation en fonction des événements déclencheurs listés lors de la souscription », a indiqué John Neal. Le report d’événements culturels et sportifs d’envergure, comme les JO d’été de Tokyo, affectera également des piliers du Lloyd’s comme Beazley ou Hiscox. L’assurance maritime, fortement mise à l’épreuve par le plan de redressement, sera également fortement impactée, notamment par l’arrêt total de l’activité des croisiéristes. Fitch a également questionné l’efficacité de la dématérialisation des échanges sur un marché habitué aux transactions en face à face.