Interview de la semaine

« Le document d'information clé est incompréhensible pour le client »

Publié le 20 mai 2021 à 8h00

Nessim Ben Gharbia

Stellane Cohen, présidente d'Altraprofits

Nessim Ben Gharbia
Journaliste

La dirigeante de la société de conseil en gestion de patrimoine en ligne livre son appréciation des différents textes qui régissent la distribution des contrats d’assurance en France.

Comment Altaprofits s’est-elle adaptée au règlement PRIIPs ?

Le règlement PRIIPs, entré en vigueur en 2018, poursuivait deux grands objectifs : donner à l’épargnant la possibilité de comparer des produits entre eux et apporter de la transparence, notamment sur les coûts et les risques. Or, le langage utilisé dans le document d’information clé (DIC) remis au client est incompréhensible pour celui-ci. En effet, on trouve dans les DIC des formulations techniques à l’instar de l’allocation d’actifs, la performance effective d’un support ou la fourchette de coût, qui sont difficilement compréhensibles pour l’épargnant.

Altaprofits est entrée dans une démarche de pédagogie qui va au-delà de la réglementation PRIIPs. Cette démarche consiste à avoir des collaborateurs diplômés – tous nos conseillers sont titulaires d'un master 2 en gestion de patrimoine – et formés en permanence. A chaque fois que nous lançons un produit, nous rédigeons des décryptages pour nos conseillers, et nous leur présentons une méthodologie pour l’expliquer au client.

Quelles sont vos pistes de réflexion pour améliorer la réglementation et favoriser la comparabilité et la transparence des offres ?

Je pense qu’il est indispensable de travailler sur la dimension du wording, du vocabulaire à employer. Nous observons malheureusement une grande distance entre les réglementations et le quotidien des épargnants. Pour réduire cette distance, il faudrait faire participer un panel d’épargnants sur la révision du règlement PRIIPs.

La révision du niveau 2 de PRIIPs montre que le règlement n’a pas répondu à l’essence même et au besoin d’information des clients et des épargnants. Nous souhaitons une révision plus globale du règlement mais, en attendant, nous sommes favorables à cette révision du niveau 2.

Comment expliquer les différences d’assimilation entre le règlement PRIIPs et la directive DDA ?

Le PRIIPs est un règlement qui s’est imposé directement en droit français. Aussi bien les pouvoirs publics que les représentations professionnelles n’ont donc pas eu la possibilité de discuter ou d’amender le texte au niveau national. Pour la DDA, la donne est totalement différente. Une directive doit être transposée en droit national, et dans ce cadre, un dialogue est installé entre pouvoirs publics et professionnels. C'est ce qui fait que la DDA est mieux assimilée en France.

Y a-t-il néanmoins des pistes d’amélioration de DDA ?

La directive avait un objectif extrêmement vertueux, à savoir encadrer et améliorer le conseil prodigué au client, le but étant que l’assuré comprenne à quoi il souscrit, les frais engendrés, et le rendement du produit financier. Cependant, et comme pour PRIIPs, il y a des améliorations à faire au niveau du langage utilisé pour que cela soit moins technocratique.

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