Pour Quentin Renard, président du groupe Audeo, courtier spécialiste de la protection sociale collective, 2024 s’est inscrit dans la continuité d’une croissance soutenue (+10 %). Entre stratégie numérique, renforcement RH et acquisitions ciblées, le groupe mise notamment sur le collectif pour préserver son indépendance.
Quel est le bilan de l’exercice 2024 pour le Groupe Audeo ?
Nous avons dépassé les 51 M€ de chiffre d’affaires, ce qui représente une croissance de 10 % par rapport à 2023. Cela confirme notre trajectoire de croissance à deux chiffres, régulière depuis vingt-cinq ans. Nous restons alignés avec notre plan stratégique Audeo 2026 et cherchons un équilibre entre développement dynamique et qualité de service. Nous enregistrons une progression de 22,8 % de notre résultat net consolidé. Ce chiffre comprend un résultat exceptionnel lié à la cession de notre activité assurance-crédit à Fibus, finalisée l’année précédente. La croissance reste tout de même significative. Hors périmètre de l’assurance-crédit, la croissance organique réelle d’Audeo est de 13,6 %.
De plus, nous avons réalisé deux croissances externes en 2024 qui ne sont pas encore totalement intégrées à nos comptes. En août 2024, nous avons acquis le cabinet ACNBC, spécialisé dans l’assurance collective, notamment l’épargne et la retraite. Par ailleurs, nous avons pris une participation minoritaire (40 %) dans le cabinet nantais Assurwest, situé dans l’Ouest de la France. ACNBC devrait générer 750 000 € de chiffre d’affaires complémentaire.
Combien de collaborateurs compte le groupe aujourd’hui ?
Nous étions 567 collaborateurs en 2024. En 2025, nous prévoyons 65 recrutements pour soutenir notre croissance. Ces embauches sont directement liées à l’augmentation de l’activité et aux objectifs fixés par notre plan stratégique.
Quels métiers ou entités d'Audeo ont particulièrement performé cette année ?
Helium a enregistré une croissance du chiffre d’affaires de 15,7 % et Exper-IS, une activité plus récente, progresse de 21,7 %. Servyr, hors assurance-crédit, affiche une croissance de 6,2 %. Ces chiffres reflètent la bonne dynamique des différentes entités du groupe, chacune avec ses spécificités. La santé et la prévoyance représentent 90 % de notre chiffre d’affaires. L’IARD (incendie, RC, transport, auto, lignes financières…) couvre les 10 % restants. Concernant Helium, l’activité est répartie à 50 % entre santé/prévoyance/retraite, et 50 % en IARD.
Et l’épargne-retraite ?
Elle représente environ 5 % de notre activité. Historiquement, c’est une part relativement stable, mais que nous souhaitons faire croître. L’acquisition du cabinet ACNBC répond à cette ambition. Nous visons une montée en puissance d’ici 2030, ce sera l’objet de notre prochain plan stratégique. Notre positionnement est orienté « sur-mesure ». Nous n’avons pas de produit standard : nous construisons des solutions adaptées aux besoins des PME, ETI ou courtiers partenaires.
Faites-vous aussi de l’individuel ?
Notre activité est principalement centrée sur l’assurance collective. L’individuel existe, mais reste marginal. Sur Helium, notre activité est très majoritairement collective. Globalement, nous nous positionnons comme un spécialiste du collectif pour les entreprises. Nous avons fait ce choix parce que nous pensons apporter une vraie valeur ajoutée dans l’accompagnement des PME et ETI. Le marché de l’individuel est très concurrentiel. À l’inverse, nous avons développé une expertise forte et différenciante dans la gestion du collectif sur-mesure.
Quels sont les projets structurants menés en 2024 ?
Nous avons poursuivi la transformation numérique de nos outils, notamment en gestion de l’assurance collective. Nous avons investi 5 M€ en 2024 dans notre infrastructure numérique, la cyber sécurité, et l’amélioration de la productivité via des applications métiers avec l’objectif d’améliorer la résilience de notre SI (sécurité, continuité d’activité), optimiser nos processus internes, et surtout enrichir l’expérience client. Nous travaillons aussi sur la modernisation de nos extranets.
Sur le volet RH, que mettez-vous en place ?
Nous avons travaillé sur nos valeurs, intensifié les formations managériales, et structuré les parcours collaborateurs. L’objectif est d’avoir un processus clair, dès l’intégration, et de garantir un accompagnement tout au long de la carrière.
Qu’en est-il de l’expérience client ?
L’expérience client est un axe majeur et primordial dans notre activité. À titre d’exemple, les applications d’Hélium sur Google Play ou App store sont très bien notées avec une note de 4,6/5.
Quelles sont vos priorités stratégiques pour 2025 ?
Finaliser le plan Audeo 2026 et bâtir notre feuille de route à l'horizon 2030. Nos axes portent sur le maintien de notre indépendance, la croissance organique soutenue et le développement par croissance externe ciblée. Concernant l’activité de Servyr, nous souhaitons conserver un développement complémentaire entre la protection sociale et l’IARD. Nous avons un certain nombre d’atouts en IARD, comme l’expertise de notre équipe internationale pour accompagner des ETI françaises dans le monde entier.
Dans un contexte de consolidation du marché, comment conserver son indépendance ?
C’est un défi, mais notre croissance à deux chiffres nous donne les moyens de rester indépendants. Nous offrons une taille intermédiaire adaptée à nos clients, une forte proximité, et une vraie agilité avec une expertise technique, une capacité de personnalisation et une rapidité d’exécution. Ce sont des éléments différenciants face à de grands groupes. Nous privilégions l’accompagnement individualisé et la qualité relationnelle.
Selon vous, quel est le rôle du courtier aujourd’hui ?
Le courtage est fondamental dès lors qu’il s’agit de risques complexes ou spécifiques. Notre rôle est de sécuriser les placements, conseiller les clients et faire le lien avec les assureurs. C’est un métier d’expertise, de confiance, et d’équilibre.