Association de femmes actives dans le secteur de l’assurance, Pluri’elle assurance actionne différents leviers pour promouvoir la place des femmes dans cet univers si masculin et faciliter ou agrémenter le quotidien de ses adhérentes.
journaliste
Stéphanie Martin est formelle, la crise va davantage heurter le parcours professionnel des femmes que celui des hommes. « D’une part, l’évolution professionnelle des femmes par rapport aux hommes va s’en trouver ralentie. D’autre part, elles doivent faire face à un renforcement de leur charge mentale qui a un impact non négligeable sur leur vie privée comme professionnelle », résume la présidente de Pluri’elle assurance, également responsable de la stratégie et de la coordination commerciale chez Siaci Saint Honoré. Une dimension dont l’association s’est saisie en décembre dernier à travers une séance de coaching par une ex-cadre de la finance reconvertie, pour que ses adhérentes sachent « mieux gérer [leur] charge mentale en période Covid » ou encore par un programme de mentoring où une adhérente de l’association apporte ses conseils à une autre en vue de l’accompagner dans son développement professionnel.
Pluri’elle assurance est la plus ancienne association du secteur ayant pour objet de promouvoir le sexe dit « faible ». À l’origine de sa création, en 2004, les quatre fondatrices (Christine Tourlourat, partie depuis à la retraite, Corinne Moreau, Catherine Renodon-Delubria et Emmanuelle Bailly) étaient convaincues qu’il fallait s’unir pour mieux convaincre la profession de promouvoir la présence des femmes aux postes à responsabilités. Au-delà de ce leitmotiv, Pluri’elle assurance a vocation à tisser des liens privilégiés dans la perspective de faciliter la vie professionnelle et l’association a pour objectif de développer la communication en faveur de la non-discrimination professionnelle et d’agir contre les inégalités salariales. L’association fonctionne grâce aux cotisations de ses membres, adhérentes à titre individuel ou à travers leur entreprise. Par ailleurs, elle perçoit des appuis d’entreprises du secteur, avec notamment la mise à disposition de moyens pour la tenue de ses événements.
Véritable concentré de femmes responsables, pragmatiques et solidaires issues de tous les métiers de l’assurance, Pluri’elle assurance trouve aussi ses adhérentes dans les rangs des risk managers, ainsi que dans ceux des experts, des cabinets d’avocats ou de conseil spécialisés en assurance. Parmi les adhérentes les plus emblématiques, citons Danielle Wajsbrot, fondatrice et présidente du cabinet e-Thaque Consulting, Kadidja Sinz, directrice Europe de Liberty Specialty Markets, Odile Lasternas-Brecy, directrice marchés entreprises de MMA assurances, Delphine Leroy, Country Manager pour la filiale française de CNA Hardy, et Véronique Perottino, directrice générale de MS Amlin.
Du fait de la crise sanitaire, Pluri’elle assurance s’est réinventée en numérisant ses rendez-vous. L’association comptait 107 membres en 2019 et a vu son auditoire légèrement diminuer depuis un an, des adhérentes étant happées par les difficultés apparues dans leur quotidien au détour de la crise et n’ayant plus le temps de profiter de ces moments de convivialité au féminin.
Jouer des coudes
Trésorière de l’association et adhérente depuis 2018, Ana Paula Antunes estime que « le secteur de l’assurance est un monde très masculin où les postes à responsabilité sont bien souvent attribués aux hommes. Les femmes doivent jouer des coudes pour s’imposer. S’il n’y avait pas des lois pour favoriser la situation des femmes sur le marché du travail, parvenir à l’égalité hommes-femmes prendrait beaucoup plus de temps. Il revient aussi aux femmes d’œuvrer de leur côté, comme nous le faisons à travers Pluri’elle assurance, pour faire évoluer les mentalités ». Ana Paula Antunes a rejoint l’association car elle y a vu un moyen de s’épanouir tout en apportant son expérience. Chef comptable chez le courtier Théorème, c’est tout naturellement qu’elle a endossé la fonction de trésorière de l’association. Elle a aussi convaincu plusieurs collaboratrices de Théorème de rejoindre les rangs de l’association. Son employeur la soutient dans ses responsabilités associatives en rémunérant quelques heures de son travail pour Pluri’elle assurance à qui il prête aussi gracieusement des locaux lors de la tenue d’événements.
Ci-dessus : les quinze ans de Pluri’elle assurance en 2019.
En novembre 2019, l’association a célébré ses quinze ans d’existence. L’occasion de rassembler près de 150 adhérentes ou anciennes adhérentes et quelques représentants de la gent masculine dans une atmosphère festive. Il y a eu aussi une soirée au théâtre suivie d’un dîner, un petit-déjeuner où une adhérente dirigeante d’une entreprise d’assurance a fait part de son expérience ou encore un coach venu expliquer à ces dames comment prendre leur place au féminin. En 2020, une soirée en plein air pour marquer l’« after-confinement » a pu être organisée fin juillet. Ce fut le seul événement possible en présentiel, les autres rendez-vous ayant eu lieu sous forme de webinars. Le plaisir de se retrouver et d’œuvrer pour la place des femmes dans l’assurance ne s’arrête pas à l’atmosphère parisienne : en 2018, un voyage a été organisé à Londres où les adhérentes ont, entre autres, visité les Lloyd’s et l’année suivante, c’est à Bruxelles qu’elles se sont rendues. 2020 devait être l’occasion de se rendre à Barcelone, un projet reporté à l’après-Covid, comme bien d’autres, Pluri’elle assurance ne manquant ni d’idées, ni d’énergie pour démontrer le bien-fondé de ses objectifs.