Christophe Eberlé et Gildas Robert, Optimind

« L’actuaire a un champ d’action plus large que celui que nous lui attribuons généralement »

Publié le 23 juin 2022 à 9h30

Nessim Ben Gharbia    Temps de lecture 5 minutes

Respectivement président et Senior Partner Actuarial & Financial Services chez Optimind, Christophe Eberlé et Gildas Robert reviennent sur les évolutions du rôle de l’actuaire au moment où se tient le congrès de la profession.

Comment l’actuaire construit-il l’avenir dans un monde en mutation ?

Christophe Eberlé : L’actuaire est acteur de toutes les évolutions sociétales, qu’elles soient financières, économiques, réglementaires ou en lien avec la santé humaine. Sur la base des études et projections qu’il réalise, il va orienter la tarification et le provisionnement des produits d’assurance pour maximiser la protection de l’assuré tout en minimisant les coûts. Il pourra ainsi consolider la solvabilité du portefeuille de l’assureur et garantir une rentabilité normative.

Dans son orientation tarifaire sur les produits et les placements d’assurance sous-jacents, il peut également proposer et influer sur les politiques des assureurs. L’objectif pouvant être de les inciter à réaliser des investissements plus responsables, à adopter une politique en santé et prévoyance plus saine, par exemple basée sur la prévention, voire à maximiser le recours aux pièces de réemploi comme pour les réparations automobile. A priori, l’actuaire a un champ d’action beaucoup plus large que celui que nous pourrions lui attribuer. En somme, l’actuaire est le gardien du temple des équilibres techniques. Il est le pilier entre l’objectif de rentabilité économique des produits d’assurance et la sauvegarde des intérêts des assurés.

Gildas Robert : Le cœur de métier des actuaires, la modélisation des risques ont deux apports majeurs pour les assureurs : adapter leur politique de souscription, de réassurance et d’investissement face aux évolutions futures et préparer tout en anticipant les scénarios majeurs potentiels comme les pandémies, les crises financières ou les attaques cyber. Le but est de faciliter la bonne réaction des individus, des entreprises et des dirigeants en cas de survenance des risques identifiés.

Comment interviennent les actuaires au niveau de la fabrication des normes ?

Gildas Robert : Sur une réforme prudentielle comme celle de la directive Solvabilité II, les actuaires sont très impliqués, que ce soit au service de leur employeur, organismes d’assurance ou sociétés de conseil, ou au service du régulateur et des instances professionnelles, Institut des actuaires, association européenne des actuaires, pour analyser et chiffrer l’impact des différentes propositions. En tant qu’expert des risques et garant de la protection des assurés, il est aussi pertinent que l’actuaire propose des mesures adaptées et équilibrées à la réalité économique, pour préserver la solvabilité du secteur tout en permettant de maintenir l’intérêt économique pour les assureurs.

Quels leviers mettez-vous en avant dans ce contexte mouvant ?

Christophe Eberlé : Beaucoup de nos clients nous sollicitent sur ces enjeux car nous mettons à leur disposition notre agilité et notre capacité d’adaptation face aux transitions réglementaires, économiques et financières. Environ 5 % de notre chiffre d’affaires est investi chaque année en recherche et développement, directement ou par le biais d’investissements dédiés. Par exemple, nous avons lancé des travaux sur les risques émergents comme le cyber ou encore le réchauffement climatique, afin de mieux les prendre en compte dans les modèles tarifaires de nos clients. Par ailleurs, nous œuvrons avec notre R & D sur l’adaptabilité des modèles de projection aux nouvelles normes réglementaires.

Gildas Robert : Globalement, cette transition renforce les investissements des assureurs dans la gestion du risque, ce domaine est d’ailleurs au cœur de notre activité. Les assureurs nous sollicitent pour l’expertise de nos équipes qui les accompagnent dans l’adaptation aux nouveaux environnements. Notre leardership sur ces sujets conforte notre position sur le marché.

Quelles sont les demandes de vos clients durant ces derniers mois ?

Gildas Robert : Le sujet réglementaire demeure très important, notamment concernant l’investissement dans la mise en place des processus de reporting IFRS17, avec des besoins à la fois sur les domaines actuariels, financiers, comptables et informatiques. Nous sommes également fortement sollicités sur la compliance autour de la gestion des risques, en lien avec les évolutions réglementaires et la vigilance accrue du régulateur sur la protection des souscripteurs. Les assureurs poursuivent également leurs investissements sur l’industrialisation de leurs processus, la fiabilisation et l’optimisation de leur exploitation des données. Enfin, nous accompagnons de nombreux acteurs sur l’évolution de leurs offres tant en IARD, qu’en emprunteur, prévoyance et santé en lien avec les nouvelles stratégies du secteur, les rapprochements et les évolutions réglementaires.

Quelles sont vos ambitions ?

Christophe Eberlé : Notre modèle de développement est aujourd’hui européen. Au-delà d’une forte croissance organique historique, nous avons fait beaucoup d’acquisitions en France ces deux dernières années, à présent nous souhaitons élargir notre positionnement géographique tout en conservant notre cohérence métier autour de la gestion des risques. À terme, nous souhaitons être une plate-forme européenne de référence en actuariat conseil et gestion des risques. Au-delà du consulting expert, nous allons proposer des services européens d’externalisation autour des captives, d’IFRS 17, de la compliance et plus généralement en relation avec toutes nos activités financières et comptables.

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