Plan stratégique en cours « Objectif ! Impact 2024-2026 », rachat de HSBC assurances vie (France), stratégie de distribution, enjeux de l’IA... Tristan de la Fonchais, membre du comité exécutif du Groupe Matmut, en charge de la direction finances et patrimoine, décrypte les lignes force du groupe d’assurance désormais complet.
Comment la diversification stratégique du groupe Matmut a-t-elle évoluée autour de son cœur de métier ?
Le Groupe Matmut a été fondé en 1961 autour des produits phares de l’IARD : l’assurance automobile, puis rapidement l’assurance habitation. Dans les années 2010, il a fait de la santé et de la prévoyance un nouvel axe stratégique en matière de produits et services. Par ailleurs, notre sociétariat est principalement composé de particuliers, et comporte également une part significative de professionnels. Aujourd’hui, la Matmut est un groupe complet d’assurance qui a su croître solidement et qui adresse une large palette de produits à ses sociétaires.
Qu’en est -il de la stratégie de distribution ?
La Matmut est une mutuelle sans intermédiaire (MSI). Nous disposons de 480 agences au sein desquelles travaillent des conseillers généralistes chargés de vendre les produits des différentes gammes, dont bien entendu nos solutions en matière d’épargne et de prévoyance. Notre réseau généraliste compte 2 500 collaborateurs qui proposent notamment nos produits d’épargne et d’assurance vie. Fin 2020, nous avons structuré notre activité de conseil patrimonial avec la création de Matmut patrimoine, un CGP interne avec 25 conseillers patrimoniaux répartis sur toute la France. Ils sont certifiés IAS et CIF (conseiller en investissements financiers). Nous avons investi sur ce réseau de CGP qui n’a pas de portefeuille propre. Ces conseillers patrimoniaux sont à la disposition des sociétaires du groupe et disposent d’outils, de produits et de services permettant d’assurer une prestation globale en matière de gestion de patrimoine.
Où en est le processus d’acquisition de HSBC assurances vie ?
La finalisation de l’opération (closing) devrait avoir lieu au second semestre 2025. L’obtention des autorisations réglementaires nécessaires ainsi que la préparation de la cession opérationnelle sont en cours [L'ACPR a signifié son autorisation de rachat de HSBC assurances vie (France) par la Matmut en date du 18 juin, NDLR]. L’acquisition de HSBC assurances vie (France) nous permettra de monter à plus de 30 Md€ de bilan, contre 7,4 Md€ actuellement, avec des fonds propres à 4 Md€, une collecte de primes globale passant de 3,2 Md€ à 4,8 Md€ pour le groupe [chiffres proforma 2024, NDLR]. Cette opération de croissance externe inédite pour notre groupe s’inscrit pleinement dans le cadre du plan stratégique en cours, « Objectif : Impact ! 2024 -2026 » avec un niveau d’encours correspondant à nos capacités, des équipes performantes et des savoir-faire avérés. Nous avons réussi à convaincre, dans un contexte très compétitif.
Qu’en est-il de l’articulation du métier de l’épargne-prévoyance avec votre plan stratégique « Objectif : Impact ! 2024 -2026 » ?
L’épargne a une place très importante dans le plan stratégique en cours (2024-2026). Outre nos deux axes, un développement organique d’une part, et une stratégie de croissance externe, nous avons considéré comme primordial la professionnalisation de l’ensemble des strates de l’entreprise sur ces métiers. Ainsi, des fonctions supports telles que les systèmes d’information, le risk management dans toutes ses composantes, le marketing, la communication, le recrutement, l’animation commerciale… ont dû intégrer dans leurs processus les réalités de la distribution de l’épargne. Des sujets totalement masqués pour le client final mais essentiels afin de lui délivrer le meilleur service possible.
Dans ce contexte, les métiers de la conformité et de la gestion des risques se complexifient- ils davantage ?
Nous devons faire face à une accumulation réglementaire extrêmement importante provenant des instances européennes et françaises. Trois grandes familles de règlementation adressent les sujets suivants : la protection de la clientèle en imposant aux assureurs des règles en matière de solvabilité et finance, également en matière de transparence et de devoir de conseil ; la lutte contre le blanchiment et le terrorisme ; et les enjeux en termes de durabilité et l’ESG. Ma conviction en la matière est que les trois grandes familles sont pertinentes dans le cadre d’une gestion saine de nos entreprises et du service rendu à nos sociétaires. En revanche, l’accumulation sans limite entre les réglementations et les directives européennes, les lois et les recommandations françaises me questionne car elles sont sources de frais additionnels extrêmement significatifs pour les entreprises mais aussi de complexité et d’injonctions paradoxales.
L’intelligence artificielle (IA) ouvre-t-elle des perspectives notables pour vos métiers ?
L’IA n’est pas simplement un sujet à la mode mais annonce une véritable révolution en matière d’interfaces conversationnelles. Outre les sujets de «gamification» des parcours de souscription et de gestion sinistres qui sont déjà à l’œuvre, il semble maintenant totalement évident que nos investissements en matière de recherche et développement devront se concentrer sur ce sujet.
