Alors que les exploitants nucléaires doivent se mettre en conformité avec la nouvelle responsabilité civile nucléaire (RCN) au 1er juillet prochain, Brigitte Duchaussoy et Olivia Giorgio, spécialistes chez Diot-Siaci, rappellent les enjeux de la gestion du risque nucléaire (retrouvez notre article sur le sujet dès le mercredi 1er juin dans le numéro 280 de La Tribune de l'assurance).
Quelle est la particularité du courtage pour ce secteur ?
C’est très challengeant, très riche et technique. Il n’y a pas de concurrence sur le marché de l’assurance donc nous devons penser différemment, sortir du cadre. Il est impératif d’associer nos clients à nos réflexions. Nos interlocuteurs chez nos clients sont souvent des ingénieurs et nous sommes face à un marché de niche avec Assuratome, groupement d’assureurs et réassureurs français, et quelques assureurs ou mutuelles spécialisées. Le langage est technique donc il faut comprendre l’activité de nos clients, notamment si un sinistre d’ampleur survient pour défendre avec pugnacité leurs intérêts.
À noter que l’absence de concurrence sur le marché de l’assurance n’est jamais saine et implique une marge de manœuvre très faible pour le courtier, mais Diot-Siaci a la culture du défi. Si nous trouvons des solutions ne serait-ce que partielles qui peuvent bénéficier aux assurés, nous ferons tout pour les déployer quitte à utiliser notre poids dans le secteur du nucléaire et notre positionnement sur le marché français en général.
Où en est l’appétence pour ce risque ?
Le nucléaire fait peur à l’assureur. Cependant, la politique menée actuellement démontre que cela doit changer : le sujet est d’admettre que cette énergie peut apporter à la transition énergétique. Nous avons besoin du nucléaire même si les exploitants font face à beaucoup de contraintes et même si ce risque braque les assureurs et les mutuelles. Indépendamment du nucléaire, nous nous trouvons sur un hard market avec beaucoup de retournements de marché sur différents risques (dommage, RC, risques financiers…), mais la nature même de l’activité nucléaire fait qu’il y aura toujours des discussions au niveau étatique : c’est normal puisqu’il en va aussi de la sécurité nationale d’avoir des solutions assurantielles.
Quelle conséquence aura pour vous la possible construction de six nouveaux EPR ?
Puisqu’il n’y a pas vraiment de concurrence sur ce marché, la réalité reste la même. Les exploitants doivent détenir la même garantie nucléaire. Les ambitions de la France en matière de relance nucléaire nous amèneront à proposer et rechercher de nouvelles solutions pour couvrir de nouveaux risques. Notre but sera à ce moment-là de répondre à des problématiques assurantielles qui sont encore très limitées du fait du manque de capacité.