Poids lourd de l’expertise dommages en France, Polyexpert,doté d’une nouvelle organisation juridique, poursuit sa stratégie dedéveloppement et mûrit de nombreux projets. Tour d’horizon avec Emmanuel Géli,son PDG.
Quelest le poids de l’expertise dommages en France ?
Fin 2013, le marché de l’expertise dommages a réalisé unchiffre d’affaires de 800 M€. Ses résultats sont très liés aux aléasclimatiques (inondations, sécheresse, etc.). A l’exception de la tempête Xynthiaet de la longue période de gel en 2012, nous n’avons pas connu de situations extrêmes.Le marché s’avère stable. Plus de 8 Md€ ont tout de même été réglés l’andernier par les experts. La structure de notre marché diffère par rapport àcelle de nos voisins. En Allemagne, les experts sont des ingénieurs techniquessalariés des compagnies ; au Royaume-Uni, on parle de loss adjusters.
Commentle marché français évolue-t-il ?
Dans l’Hexagone, le mouvement de concentration se poursuit.Les plus petits acteurs sont repris ou disparaissent. Les petits cabinetslibéraux ont tendance à se regrouper autour d’une marque. Pour notre part, nousavons changé d’organisation juridique au premier semestre 2014. Neuf sociétésd’expertise se sont regroupées sous la marque Polyexpert. Aujourd’hui, moins desix acteurs se partagent le marché.
Quelssont aujourd’hui les ressources de Polyexpert et ses atouts ?
Polyexpert compte désormais 130 associés, 550 experts et 1 200 collaborateurs. Avec, à l’exception du secteur du bâtiment, davantage de femmesexperts que par le passé. Le rajeunissement du Codir a démarré avec, àl’occasion du renouvellement de cinq patrons de régions sur un total de neuf, l’arrivéedes quadras. Par ailleurs, notre ouverture sur l’expertise construction anécessité que nous nous entourions de nouvelles compétences. Nous investissonsfortement dans nos ressources humaines et sommes, par exemple, en cours derecrutement d’un DAF pour le groupe. Notre nouvelle organisation juridique nouspermet d’avoir une gouvernance plus intégrée, de mieux garantir l’homogénéité denos prestations, d’accroître notre efficacité et de mutualiser nos moyens.Autre particularité : le capital appartient aux salariés. En 2013, nousavons réalisé 120 M€ de chiffre d’affaires et expertisé 240 000 sinistres.
Le métier d’expert dommages a-t-il changé ?
Nous demeurons toujours des régleurs de sinistres. Jerappelle que nous assurons une prise en charge du sinistre de bout en bout.Nous analysons et estimons aussi le risque souscrit. Nous examinons lavalorisation des actifs, le contrat, ses limites et franchises… Et sur lesrisques industriels, nous sommes en mesure de calculer le sinistremaximum possible (SMP) et le niveau d’exposition. A cela s’ajoute unrôle de négociateur, pas assez mis en avant à mon sens. Car nous proposons lemontant de l’indemnité. La nature de nos prestations, aux plans technique etassurantielle, a également évolué.
Quelsmouvements sur le marché sont-ils susceptibles d’affecter les sociétésd’expertise ?
L’expertise construction est en pleine évolution. Denouveaux matériaux sont utilisés, de nouvelles normes thermiques et acoustiquesémergent. Les bâtiments sont à la fois plus sophistiqués, mais aussi plusfragiles. Par conséquent, de nouveaux dommages apparaissent entraînant deslitiges. La Convention de règlement de l’assurance construction (Crac) a étérefondue en 2014 et sera mise en œuvre cette année. Les sociétés d’expertisedevront s’adapter aux nouveaux textes. Cela va rebattre les cartes entre lesacteurs.
La réforme de la convention CGIRSI (conditions généralesd’indemnisation et de recours en sinistre immeuble), qui n’a pas encore abouti,devrait également affecter les sociétés d’expertise. Les règlesconventionnelles seraient restructurées. Jusqu’à 1 600 € de sinistre, il yaurait abandon de recours, de 1 600 € à 5 000 €, un recours forfaitaire, et au-delàde 5 000 €, l’application du droit commun.
Pouvez-vousnous parler de vos orientations sur 2015 ?
Nous étions naturellement positionnés sur les particuliers,les professionnels et les petites entreprises. Nous allons continuer de nousdévelopper vers les grands comptes. Des accords ont déjà été passés avec desgrands groupes industriels. Nous allons poursuivre le déploiement de la visio-expertiseet de la télé-expertise avec nos clients. Avec Adenes, autre acteur, nousmûrissons plusieurs projets : partager une application technique que nousproposerons aux assureurs, créer une plate-forme commune de qualification (degestion des flux sinistres des assureurs), un réseau commun de réparateurs enélectro-domotique. En outre, nous entendons faire entrer Adenes dans notrestructure de réparation immobilière. Nous accentuons aussi la digitalisation,en peaufinant notamment notre extranet en direction des assurés. Cette année, cesont plus de 400 000 SMS qui ont été envoyés. Enfin, nous devons accentuer nosefforts de pédagogie en direction des assurés et rendre nos opérations pluslisibles.
Polyexperta-t-il d’autres sujets de préoccupation ?
La progression de la judiciarisation nous inquiète. Lesquestions de l’amiante dans les bâtiments et le non-respect de la réglementationthermique font l’objet de litiges croissants. Nous privilégions tant quepossible les accords amiables, beaucoup moins coûteux. Le travail en commun de laFSE (Fédération des sociétés d’expertise) avec la FFSA et le Gema, au traversde commissions techniques, nous apparaît important.