Jean-Philippe Dogneton, président de l’Arcam et directeur général de Macif

« La RC est plus que jamais utile à la diversification des réassureurs »

Publié le 15 septembre 2022 à 9h00

Juliette Lerond-Dupuy    Temps de lecture 6 minutes

Avec 45 % du marché en responsabilité civile, l’Association de réassurance commune d’assureurs mutualistes (Arcam), présidée par Jean-Philippe Dogneton, est un groupement de cédantes qui pèse pour les réassureurs avec qui elle privilégie les partenariats de long terme.

Quelle est l’histoire de la création de l’Arcam ?

En 1970, le Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (Gema) avait décidé de mettre en commun l’achat de réassurance. Cette réalisation opérationnelle a traversé le temps, témoignant d’un intérêt de l’ensemble des acteurs. En 2016, dans la continuité du Gema et parallèlement à la création de la Fédération française de l’assurance, les mutuelles ont décidé de créer l’Association de réassurance commune d’assureurs mutualistes (Arcam).

Elle regroupe 24 cédantes qui achètent de la réassurance en matière de responsabilité civile, d’incendie, de risques locatifs, de terrorisme (hors Gareat*). Ce sont près de 70 M€ de cotisations cédées, ce qui fait de cet ensemble un incontournable et le plus gros programme du marché en responsabilité civile. Les mutuelles ont entre elles un affectio societatis naturel et sont généralement tournées vers les mêmes profils de risques, avec des portefeuilles homogènes, ce qui permet la mutualisation.

Quelle empreinte mutualiste sur l’Arcam ?

Notre association se réunit et échange très souvent sur des éléments techniques, et possède une commission juridique, ce qui permet à tous, et en particulier aux plus petites mutuelles, d’avoir un niveau d’information et d’expertise élevé. C’est une dynamique vertueuse sur un marché qui évolue rapidement. Les décisions se prennent à l’unanimité et l’association dispose d’une secrétaire générale en la personne de Catherine Traca et d’un président en ma personne.

Vous avez récemment accueilli un nouveau membre, n’est-ce pas ?

Oui, notre cercle s’élargit. Il s’agit d’Abeille assurances qui a intégré l’Arcam en juillet dernier. Son adhésion a été acceptée à l’unanimité. C’est un assureur bien connu, technique, qui correspond à nos critères de mutualisation. Ce n’est certes pas un assureur mutualiste, mais il fait désormais partie du groupe mutualiste Aéma et partage avec la Macif des enjeux communs en matière de réassurance IARD. D’ailleurs, ce n’est pas le seul, puisque la Caisse d’épargne assurances est également membre – ils avaient à l’époque rejoint le Gema en 2009. Abeille assurances participera aux travaux et à l’acquisition de la réassurance.

Comment s’articule la dynamique avec les groupes d’assurance ayant leurs propres programmes de réassurance ?

Chaque cédante possède de la réassurance en propre. La réassurance que nous achetons ensemble au niveau de l’Arcam n’a pas vocation à couvrir tous les besoins. Une partie de la réassurance est commune au travers de traités couvrant notamment les expositions médianes et hautes de la responsabilité civile, du risque locatif et incendie. Pour le reste, chaque membre achète pour son propre compte de la réassurance, en risques climatiques par exemple. Il n’y a pas d’opposition entre les deux.

Notre association mutualise pour la responsabilité civile 19 cédantes (dont Abeille) et représente 62,9 M€ de primes cédées ; 5 cédantes pour les risques locatifs avec 4,6 M€ de primes cédées ; soit un total global de 24 cédantes et 67,5 M€ de primes cédées.

Quelle est la répartition pour la Macif par exemple ?

Avec l’Arcam, nous achetons l’essentiel de nos besoins en responsabilité civile (accident vie privée - auto - petits pro) et nous achetons la totalité du risque locatif. Nous retrouvons dans cette acquisition un intérêt technique et économique et nous apprécions les échanges avec nos collègues de l’Arcam.

Avez-vous quantifié cet amortissement ?

Nous jouons sur le temps long et nous ne changeons pas d’apériteur de manière systématique ou opportuniste. Notre union rend ce programme attractif. Avec 45 % du marché en RC, les réassureurs veulent en être. L’amortissement n’est pas vraiment quantifiable et n’est pas l’unique sujet de décision, mais chaque membre effectue sa comparaison et reste dans l’Arcam. Elle a donc pleinement son utilité.

Qu’attendez-vous des Rendez-vous de septembre ?

Chaque année, nous recevons un large panel de réassureurs auxquels nous exposons notre vision de la réassurance en RC. Nous expliquons comment ont évolué nos risques et nous partageons nos résultats. Cette année, nous allons apporter un éclairage sur Abeille assurances. Nous allons également rencontrer des réassureurs qui ne sont pas dans notre programme mais qui voudraient peut-être y entrer. Cet événement est un tour de piste important qui lance les renouvellements pour 2023.

Comptez-vous élargir votre panel de réassureurs ?

Ce n’est pas systématique, mais nous sommes suffisamment curieux pour y penser. Et puis nous avons des réassureurs qui tapent à notre porte. Nous privilégions le temps long, mais il peut aussi y avoir des entrées et sorties. Nous sommes attentifs aux évolutions du marché de la réassurance et de ses acteurs.

Pensez-vous que l’année 2022 sera difficile pour la réassurance ?

Chaque année est un exercice compliqué et celui-ci devrait se durcir au gré des résultats. J’ai connu des moments d’extrêmes tensions, comme le 11 septembre 2001, où en vingt-quatre heures, le marché s’est fermé instantanément. Aujourd’hui, la réassurance voit son chiffre d’affaires croître, mais l’exercice en cours n’est pas bon sur le plan climatique et les réassureurs vont plaider pour un réajustement tarifaire. En matière de RC, les choses se stabilisent tant en fréquence qu’en coût, et l’inflation jouera moins. La responsabilité civile est plus que jamais une branche utile à la diversification des réassureurs.

Les cédantes expliquent leurs contraintes et les réassureurs expliquent les leurs. Puis viendra le temps de trouver un accord. Les réassureurs et les assureurs partagent le combat commun du temps long. Il faut faire attention aux phénomènes de « yoyo » et de rupture qui ne sont jamais favorables. Les visions trop court-termistes ne seront jamais gage de succès pour notre secteur.

*Gestion de l’assurance et de la réassurance des risques attentats et actes de terrorisme

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